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dynastiques. Salut au Prussien. Chapeau bas devant cet ennemi ! Trochu et Thiers sont heureux et fiers, après le combat, de serrer sa main rouge du sang français[1].

« Mais toi, citoyen français, ouvrier ou bourgeois, soulevé pour le triomphe du droit et de la justice, toi qui défendais le national hier, toi qui défends la Révolution aujourd’hui, toi qui t’es soulevé parce qu’on t’attaquait, pour affirmer la fraternité, la solidarité, toi qui rêves le bonheur de la France et du genre humain, toi qui veux fonder la grandeur de la patrie sur les principes qui seront le salut de l’univers, toi, maudit, tu fais horreur ! Le droit des gens n’existe pas pour toi. Ta main dégoûte, et si elle se tendait pour demander grâce, on l’abattrait, en te crachant au visage ! — Meurs, rebelle ! Meurs, toi, ta femelle et tes petits !

La mort ! La mort ! La mort !

Et quand on traite ainsi un peuple, quand ce peuple frappé, atteint, tenaillé, torturé à la fois dans tous les sentiments de l’homme, comme patriote et comme citoyen, comme républicain et comme socialiste, comme père, comme fils, comme mari, comme frère, quand ce peuple, debout devant sa tombe ouverte, sachant qu’il devra, quoi qu’il fasse, la combler de son cadavre, quand ce peuple qui voit tout s’effrondrer autour de lui, en lui, comprenant qu’il n’a plus rien à perdre, qu’il ne lui reste plus qu’à mourir,

  1. Il va sans dire que je n’entends pas ici attaquer le peuple allemand, victime, lui aussi, de son gouvernement et des ambitions de ses maîtres. Il s’agit de la politique bismarkienne, et non de l’Allemagne que j’aime et que j’estime à l’égal de toutes les autres nations.