Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ses ennemis ne pussent la calomnier plus tard à cet égard.

Lorsqu’elle fut attaquée, le 2 avril, dans une très-belle proclamation, elle constata d’où venait l’agression. Pendant toute la durée de la lutte, elle ne s’opposa jamais aux démarches que tentèrent autour d’elle divers conciliateurs, leur laissant pleine et entière liberté d’action, alors que M. Dufaure les insultait, les appelait complices des scélérats, et ne dissimulait pas qu’il les eût fait fusiller avec joie. Lorsque les francs-maçons voulurent essayer un dernier effort, en faveur de la suspension du carnage, elle ne s’y opposa point, et les accompagna même jusqu’à l’enceinte.

En un mot, tout en s’interdisant les démarches qui eussent compromis sa dignité, tout en tenant haut et ferme le drapeau que lui avait confié le peuple, drapeau qui pouvait tomber brisé, haché, dans le sang du peuple, mais qui ne pouvait s’incliner devant les assassins, s’abaisser devant les ennemis de la Révolution, elle montra clairement qu’elle n’avait pas soif de la bataille, et qu’elle ne cherchait point à la faire inévitable.

A cet égard, je crois que là Commune, pendant la lutte sanglante, eût une tenue parfaite, prouvant son inflexible résolution, de ne point ployer le genou, de ne jamais demander grâce, et, d’autre part, laissant agir quiconque, en dehors d’elle et des combattants à son service, voulait tenter des démarches que le respect de l’humanité ne permettait point d’interdire.— Elle marquait ainsi que le sang versé, devait retomber sur la tête seule des agresseurs, des misérables qui méconnaissaient non-seulement le droit des gens, mais encore faisaient litière des cadavres de leurs concitoyens.