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s’est fixé sur elle : elle a fui vers le monastère ; et sa course aérienne est celle d’un nuage léger poussé par les brises du soir.

Pendant quelques jours l’orpheline n’osa s’éloigner de son vénérable protecteur : elle ne se rendit point au pavillon. Dans les jardins de l’abbaye, elle craignait de demeurer seule ; la perte du ruban bleu revenait sans cesse à sa pensée. Cependant, par degrés, surmontant ses craintes chimériques et ses sombres rêveries, Élodie reprit sa gaieté, cessa de s’occuper d’ombres et de fantômes, et finit même par ne plus faire de questions sur le Solitaire du mont Sauvage.

Ses jours uniformes coulaient en paix : rose printanière que n’avait point encore frappée le souffle brûlant des orages, Élodie s’avançait confiante dans la vie, comme l’alouette matinale s’élance dans les champs d’azur d’un ciel serein.