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dée confuse de sa destination première : il porte en lui le besoin vague et mystérieux des choses surnaturelles. Créé pour des demeures immortelles, inquiet de cette vie, et comme déplacé dans ce monde, il se montre avide de tout ce qui l’arrache à sa triste réalité. Anticipant les prodiges d’une autre existence, il soupire constamment après quelque merveille sur ce globe où la première est lui-même, où la plus étonnante est sa pensée.

Aucun montagnard n’a vu le fantôme sanglant, mais de vieilles traditions en ont consacré l’apparition ; depuis des siècles les pères en ont effrayé leurs enfans qui croiraient se rendre coupables d’une sorte d’impiété, s’ils ne les transmettaient pas à leurs descendans comme ils les ont reçues de leurs ancêtres. Ils craindraient d’outrager la mémoire de leurs aïeux en doutant un instant de la vérité de leurs récits. Ainsi