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et d’un courage héroïque, prêt à se dévouer pour son prochain, il ne voyait aucun sacrifice, aucun effort impossible à la charité chrétienne. Simple, mais exalté ; calme, mais enthousiaste ; Anselme réunissait en lui seul deux hommes remarquables, deux natures opposées : ce Fénélon de la vallée aurait pu être un Samuël.

Élodie venait d’atteindre sa dix-huitième année. Élevée dans la solitude, simple, naïve et pure, elle avait ouï parler du monde, de ses plaisirs, de ses grandeurs, et de ses dangers, sans y attacher aucune idée : le vallon d’Underlach était pour elle l’Univers ; il suffisait à ses désirs. Elle avait entendu vanter d’autres climats et d’autres terres, sans jamais souhaiter de les connaître. En effet, des tourelles de l’abbaye, étendant ses regards sur les sites enchanteurs de Morat, ou les élevant vers la