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turnes semblent porter sans cesse à son oreille ces derniers mots du chant montagnard, Vierges, fuyez le Solitaire !

Le baron d’Herstall s’avance vers sa nièce ; il est suivi du père Anselme, prêtre révéré, digne ministre des autels, vieux pasteur du hameau d’Underlach. Retirée de sa profonde rêverie par l’approche de son père adoptif, l’orpheline a reporté ses pas au monastère. — « Vénérable Anselme, dit-elle, après quelques momens de silence, avez-vous vu jamais le Solitaire du mont Sauvage ? » — « Une seule fois, répond le prêtre étonné de la question. » ― « Est-ce un vieillard ? reprend la jeune fille. » — Ses traits me sont encore inconnus. »

« Un soir je revenais d’Avanches, poursuit Anselme, et je côtoyais le lac Morat : un vent glacé du nord soufflait sur la rive déserte ; de sombres nuées voilaient les astres de la