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plus pour elle une puissance céleste ; et cependant elle ne peut se le représenter comme le génie du mal. Depuis la mort d’Herstall, au fond de son âme une sorte de terreur s’est attachée au nom du Solitaire ; peut-être aurait-elle le courage de le fuir, mais elle n’a pas la force de l’oublier.

De nocturnes rayons éclairaient seuls le bosquet mortuaire. Étonnée elle-même de sa longue rêverie, glacée par l’air humide de la soirée, pâle comme la feuille du tremble à la clarté du flambeau des nuits, la vierge d’Underlach soulève lentement sa tête appesantie ; quel objet a frappé son regard !… Devant elle, debout, penché sur l’arbre des mausolées, aussi beau qu’au jour où, tenant sa lyre, il lui apparut tel qu’Orphée aux ombres heureuses, le chasseur de la montagne la contemple en silence, immobile comme la statue d’un monument funèbre. Son bras droit relève négligemment une partie de son manteau détaché de ses épau-