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même, selon le récit des montagnards, perpétuait le souvenir de l’acte de barbarie du trop célèbre Bourguignon. La pierre qui servit d’échafaud aux pieuses victimes avait conservé les couleurs homicides. De son rougeâtre granit, le sang des prêtres égorgés semblait ruisseler encore ; et, monument de terreur, ce rocher situé sur le bord du torrent, portant les traces ineffaçables du crime, était nommé le Pic Terrible.

Depuis ce funeste évènement, plusieurs années s’étaient écoulées, pendant lesquelles le jeune René, duc de Lorraine, était rentré en possession de ses États, envahis par les Bourguignons. Il avait remporté sur Charles-le-Téméraire l’immortelle victoire de Nancy. Non loin des murs de cette ville, le corps défiguré et méconnaissable de Charles avait été retiré d’un étang glacé, où son page assurait l’avoir vu tomber pendant le combat, percé d’un coup mortel.