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serein. Les zéphirs seuls se jouaient entre les arbrisseaux de la vallée. Élodie est presque arrivée au pont ; tout à coup elle s’arrête… Quel objet a frappé ses regards ! Cachée au fond d’un bosquet, derrière un épais feuillage, l’orpheline est demeurée immobile.

Au bord du torrent, à la place même où la veille Élodie chanta le retour du printemps, un montagnard tient le luth oublié, et vient d’en tirer les sons les plus mélodieux. Debout, appuyé contre un sapin, un instant il interrompt ses doux accords. Son costume est celui des chasseurs de la montagne. À ses pieds est son arc dont la corde est détendue. Un chevreuil mort, que traverse de part en part une flèche sanglante, est non loin couché sur le gazon. Tel que ces Scythes vaillans qui, sortis des antres du Nord, parurent aux peuples du Midi les rois terribles de la guerre, le montagnard, Apollon sauvage, semble