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Je crois avoir fuffiſamment donné des preuves qu'il: fe trouve à vingt mille li de diſtance du Kamchatka, une terre. où l'on peut placer le Fou-fang; que cette terre eft celle du continent de l'Amérique; d'où il réfulte que le Fou-fang eft fitué dans ce continent.

Les hiſtoriens Chinois parlent encore d'un pays plus oriental de mille li que celui de Fou-fang. Ils le nomment le Royaume des femmes. Mais leur relation eft remplie de fables, femblables à celles que nos premiers Voyageurs ont débitées fur les pays nouvellement découverts.

Les habitans de ce royaume font blancs; ils ont le corps velu & de longs cheveux qui tombent juſqu'à terre. A la feconde ou à la troiſième Lune les femmes vont fe baigner dans un fleuve, & elles deviennent enceintes. Elles enfantent à la fixième ou à la feptième Lune. Au lieu de mamelles, elles ont derrière la tête des cheveux blancs d'où il fort une liqueur qui fert à allaiter leurs enfans. On dit que cent jours après feur naiffance ces enfans font en état de marcher, & paroiffent hommes faits à trois ou quatre ans. Les femmes prennent la fuite à la vue d'un étranger, & elles font très-refpectueuſes envers leurs maris. Ces peuples fe nourriffent d'une plante qui a le goût & l'odeur du fel, & qui pour cette raifon porte le nom de plante falée. Ses feuilles reffemblent à celles de la plante que l'on appelle en Chinois fie-hao, qui eſt une eſpèce d'abfinthe..

II eft aiſé d'apercevoir dans ce récit, que les femmes de ce pays alaitoient leurs enfans par-deffus leurs épaules, comme en plufieurs endroits des Indes; ce qui a donné naiffance à la fable que l'on rapporte.

On trouve encore dans les mêmes auteurs, que l'an 5.07 de J. C.. fous le règne de la dynaſtie des Leam, un vaiſſeau Chinois, qui faifoit voile dans ces mers, fut porté par une tempête vers une ifle, inconnue. Les femmes reffembloient à celles de la Chine; mais les hommes avoient la figure & la voix comme les chiens. Ces peuples fe nourriffoient de petites fèves, avoient des habits faits d'une eſpèce de toile, & les