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détroit de peu d'étendue; ce qui rentre dans la figure que les premiers Géographes ont donnée à l'Amérique, apparem- ment fur des connoiffances plus exactes que nous ne penfons, & qui ont été perdues pour nous.

Les Japonois qui ont auffi cultivé les arts & particuliè- rement la Navigation, paroiffent n'avoir pas ignoré la fituation de ces terres, qui font au nord de leur Empire. Koempfer dit avoir vu au Japon une carte faite par les gens du pays, fur laquelle ils ont repréſenté le Kamchatka, qui s'étend plus à l'eft que le Japon. Sur le rivage oriental, vis-à-vis l'Amérique, étoit un golfe de forme quarrée, au milieu duquel on voyoit une petite ifle; plus au nord on en apercevoit une feconde, qui paroiffoit toucher de fes deux extrémités les deux continens. Sur une carte que ce célèbre Voyageur a apportée en Europe, & qui a paffé dans le cabinet de feu M. Hans Sloane, on voit le long de la côte orientale du Kamchatka un détroit, & au-delà un grand pays qui eft l'Amérique. Dans la partie feptentrionale du détroit, eff une ifle qui s'étend vers les deux continens. M. Hans Sloane a bien voulu me communiquer ce morceau fingulier, & M. Birch, Secrétaire de la Société Royale de Londres, m'en a envoyé une copie exacte.

Cette carte s'accorde affez avec nos anciennes cartes de l'Amérique, & avec les nouvelles découvertes des Ruffes. On n'y aperçoit aucune ifle où M. de l'Ifle a placé la côte que des Ruffes ont découverte; mais aux environs de cet endroit, l'Amérique paroît s'avancer confidérablement, & former une grande langue de terre qui s'étend vers l'Afie; ce qui me porte à croire que cette côte doit faire partie du continent de l'Amérique. M. de l'Ifle remarque de plus que quelques-uns des habitans vinrent au devant des Ruffes avec des bateaux femblables à ceux des Groenlandois ou des Efquimaux, ce qui indique quelques rapports entre ces peuples, & en même temps la liaifon de cette terre à celle de l'Amérique. En ce cas on comprend que les Chinois ont eu beaucoup plus de facilité pour le rendre au Fou-fang, parce qu'ils avoient prefque toujours eu des côtes à ſuivre.