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Cette relation nous apprend que le Fou-fang eft éloigné de vingt mille li du Ta-han ou Kamchatka, diftance prefque auffi confidérable que celle qui eft entre les côtes du Leao-tong & le Kamchatka. Ainfi en partant d'un des ports de ce dernier,. comme de celui d'Avatcha, & faifant voile à l'orient dans un eſpace de vingt mille li, ce qui nous préſente une grande étendue de mer, la route fe termine fur les côtes les plus occi- dentales de l'Amérique, & vers l'endroit où les Ruffes ont abordé en 1741. Nous ne trouvons dans ce vaſte eſpace de mer, aucune terre ni aucune ifle auxquelles une diſtance- de vingt mille li puiffe convenir; & nous ne pouvons fup- pofer que les Chinois aient fuivi les côtes de l'Afie, & qu'ils aient abordé vers fon extrémité la plus orientale, où ils auroient. placé le pays de Fou-fang. Les froids exceffifs qui règnent dans le Kamchatka & au nord, le rendent prefque inhabitable.. Son éloignement n'eſt pas fuffifant, & les malheureux habitans qui y demeurent ne paroîtront que des barbares, lorſqu'on voudra comparer leurs moeurs avec celles des peuples du Fou-fang.

En vain nous flatterions-nous de connoître parfaitement. les côtes occidentales de l'Amérique; nous n'avons pas encore découvert les pays fitués à l'occident & au nord-oueſt du Canada. Nos premiers Géographes, fur des conjectures dont nous ignorons les fondemeus, ont prolongé les côtes occi- dentales de l'Amérique, & les ont rapprochées de l'Aſie fuppofant que ces deux continens n'étoient féparés que par un détroit auquel on a donné le nom d'Anian. François Gualle, qui s'efforce de prouver l'exiftence de ce détroit, allègue le: changement des courans & des vagues, les baleines & autres poiffons du nord qu'il rencontra dans la partie feptentrionale de la mer Pacifique. Mais depuis que M. de l'Ifle a publié une carte de cette partie du globe, il nous eft venu des connoiffances de Ruffie, qui fans nous donner avec précifion le contour des côtes de l'Amérique, nous font connoître en général que la côte de la Californie court vers l'oueft & s'approche confidé- rablement de l'Afie, ne laiffant entre les deux continens qu'un