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fleuves y gélent, & on y trouve plufieurs lacs qui fourniffent du poiffon, que les habitans falent pour le conferver. Ils ne connoiffent point la diviſion des faifons. Ils aiment la danſe, & portent le deuil pendant trois ans. Ils ont de grands arcs & des flèches armées d'os ou de pierre. L'an de J. C. 640 le Roi de ce pays envoya fon fils à la Chine.

Ce long détail étoit néceffaire pour parvenir à une con- noiffance exacte de la fituation du pays de Fou-fang, qui eft le dernier terme des navigations des Chinois. Voici la deſcrip- tion leurs Hiſtoriens nous en ont confervée. Elle a été que faite par un Bonze, qui vint à la Chine l'an 499 de J. C. fous le règne de la dynaftie des Tcy.

Le royaume de Fou-fang eft fitué à vingt mille li à l'orient du pays de Ta-han. Il eft auffi à l'eft de la Chine. If produit une grande quantité d'arbres nommés fou-fang, d'où le nom qu'il porte lui eſt venu. Les feuilles de fou-fang font- femblables à celles de l'arbre que les Chinois appellent tong. Lorſqu'elles commencent à paroître, elles reffemblent aux bourgeons des rofeaux appelés bambous, & les habitans du pays les mangent. Son fruit a la figure d'une poire tirant fur le rouge; de fon écorce on fait de la toile & d'autres étoffes dont les habitans fe fervent pour s'habiller. On en fabrique auffi du papier, & les planches que l'on en tire, font em- ployées à la conſtruction des maiſons. On n'y trouve point de villes murées. Ces peuples ont une eſpèce d'écriture, & ils aiment la paix. Deux prifons placées, l'une au midi & l'autre au nord, font deſtinées à renfermer les criminels, avec cette différence, que les plus coupables font mis dans la prifon du nord, & transférés enfuite dans celle du midi, s'ils ob- tiennent leur grace, autrement ils font condamnés à refter. pendant toute leur vie dans la première. Ils ont la liberté de s'y marier; mais leurs enfans font faits efclaves. Lorſque les criminels fe trouvent tenir un des principaux rangs dans la Nation, les autres chefs s'affemblent autour d'eux, les placent dans une foffe, & font un grand feftin en leur préfence: on les juge enfuite. Ceux qui ont mérité la mort, font enſevelis vifs