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dont l'hiſtorien Chinois fait mention; je me bornerai à ne parler que de ceux qui font ſitués dans la partie la plus orien- tale de l'Afie, & je m'attacherai à rapporter les mœurs des habitans, afin qu'on puiffe les comparer avec celles des peuples que je place dans l'Amérique, & que par la différence qui en réfulte, on foit convaincu que ces derniers ne peuvent être mis dans le Kamchatka. Ce détail d'ailleurs m'a paru d'autant plus intéreffant, qu'il nous inftruit de l'ancien état de la Si- bérie orientale.

Les voyageurs Chinois qui avoient deffein de fe rendre dans le pays de Ta-han, partoient d'une ville fituée au nord du fleuve Hoam-ho, vers le pays des Tartares Ortous. Cette ville, nommée par les Chinois Tchung-cheou-kiang-tching, doit être la même que celle qui porte à prefent le nom de Piljotai- hotun*. On paſfoit enſuite le grand défert de Cha-mo, on arrivoit à Caracorom, principal campement des Hoei-ke, peuples con- fidérables de la Tartarie; de-là on fe rendoit dans le pays des Ko-li-han & des Tou po, fitués au midi d'un grand lac, fur la glace duquel les Voyageurs étoient obligés de paffer. Au nord de ce lac on trouve de grandes montagnes, & un pays où le Soleil n'eft, dit-on, fous l'horizon que pendant le pett de temps que l'on emploie à faire cuire une poitrine de mouton. Telle eſt l'expreffion fingulière dont les Chinois fe fervent pour défigner un pays fitué fort avant dans le nord.

Les Tou-po, voiſins des Ko-li-han, ont leurs demeures au midi du même lac. Ces peuples, qui ne diftinguent point les différentes faifons, fe renferment dans des cabannes faites d'herbes entrelacées, où ils vivent de poiffons, d'oifeaux, des autres animaux qui naiffent dans leur pays, & de racines. Ils négligent de nourrir des troupeaux, & ne s'appliquent point à cultiver la terre. Les plus riches d'entre eux s'habillent de peaux de zibelines & de rennes; les autres font vêtus de plumes d'oifeaux. Ils attachent leurs morts aux branches des arbres les laiffent ainfi ou dévorer par les bêtes féroces, ou tomber en pourriture; pratique encore ufitée chez les Tongoufes, qui demeurent dans le même pays.