Page:Ark-12148-bpt6k57483573 Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres.pdf/536

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chinois, ne nous permettent pas de douter qu'il ne foit l'ifle de Jefo.

A cinq mille li de diſtance de ce pays, en allant vers l'eſt, les anciens navigateurs Chinois reconnoiffoient le Ta-han. Ils ont remarqué que les habitans de ce pays n'avoient point d'armes; que leurs moeurs étoient les mêmes que celles des peuples du Ven-chin, mais qu'ils avoient une langue différente.

A peu près à la diſtance de cinq mille li, indiquée par les Chinois, nous trouvons fur nos cartes la côte méridionale d'une ifle, que Don Jean de Gama découvrit en allant du Mexique à la Chine. Sur ce rapport de meſures, j'avois cru d'abord que cette côte étoit le Ta-han; mais le détail de la route que l'on tenoit pour s'y rendre par terre, route qui ne peut con- venir à l'ifle de Gama, que l'on fait être féparée de l'Aſie, m'a obligé de chercher ailleurs la véritable fituation de ce pays, & de le placer dans la partie la plus orientale de l'Aſie. Les obfervations de nos Navigateurs qui ont parcouru ces mers, n'ont pas peu contribué à me confirmer dans ce ſentiment, Ils ont remarqué que dans la route de la Chine à la Californie, ils alloient ordinairement prendre le vent au nord du Japon, & dans la mer du Jefo, d'où ils faifoient voile à l'eft; mais qu'au détroit d'Uriés, les courans portoient avec rapidité vers le nord. Ainſi les Chinois, dans le deffein de s'écarter moins des côtes, font entrés dans le détroit d'Uriés, au-delà duquel ils ont trouvé plufieurs ifles qui s'étendent juſqu'à la pointe la plus méridionale du Kamchatka, où ſe terminent égale- ment les cinq mille li de diſtance entre le Jefo & le Ta-han; c'eſt-à-dire qu'ils ont abordé vers le port d'Avatcha, où les Ruffes, dans ces derniers temps, fe font embarqués pour aller à la découverte de l'Amérique, & qu'ils ont tenu la route du capitaine Spanberg, chargé, en 1739, par la Czarine de reconnoître le Japon. Mais afin de ne laiffer aucun doute fur ce point de Géographie, je crois devoir prouver, par la route indiquée dans l'auteur Chinois, que le Ta-han eft plus au nord que la terre de Gama, & qu'il fait partie de la Sibérie.

Je n'examinerai point en détail tous les peuples Tartares