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limites de cet Empire, il dit qu'au nord-eft des montagnes qui bordent le Japon, eft placé le royaume des Mao-gin ou des hommes velus, & enfuite celui de Ven-chin, ou des corps peints, diſtant du Japon d'environ fept mille li. Les premiers font les habitans de l'ifle de Matfumai; ceux-ci ont pour voi- fins au nord les peuples du Jefo, qui par conſéquent doit être le Ven-chin. Ce pays, fuivant les hiſtoriens Chinois, étoit connu dès l'an 510 ou 520 de J. C. Ses habitans avoient une figure femblable à celle des animaux. Ils traçoient fur leur front différentes lignes, dont la forme fervoit à diftinguer les principaux de la Nation d'avec le peuple. Ils expofoient aux bêtes féroces les criminels qu'ils avoient condamnés, & le préjugé étoit que s'ils étoient innocens les animaux prenoient la fuite. Leurs villes ou bourgades n'avoient point de mu- railles. La demeure du Roi étoit ornée de meubles précieux. Ils ajoûtent encore que l'on y voyoit une foffe qui paroiffoit remplie de vif-argent, & que cette matière, eftimée dans le commerce, devenoit liquide & coulante lorſqu'elle étoit imbibée des eaux de la pluie. C'étoit au refte un pays fertile, où l'on trouvoit en abondance tout ce qui eſt néceſſaire à la vie.

Cette deſcription eft conforme avec ce que nous lifons. dans les relations de ceux qui ont reconnu le Jefo. Des Japonois qui y furent envoyés autrefois par un empereur du Japon, y trouvèrent des hommes velus, qui portoient la barbe à la manière des Chinois, mais fi groffiers & fi brutaux qu'ils ne purent en tirer aucune inſtruction. Lorſque les Hollandois découvrirent le Jefo, en 1643, ils y virent les mêmes bar- bares, tels que les Chinois & les Japonois les ont dépeints, & le pays feur parut abonder en mines d'argent. Mais ce qui convient le plus avec la relation des Chinois, c'eſt que ces Hollandois y rencontrèrent une terre minérale, qui brilloit comme ſi elle eût été d'argent. Cette terre mêlée d'un fable fort friable, fe fond lorfqu'on y met de l'eau. C'eft-là ce que les Chinois ont pris pour du vif-argent. Ces preuves, la fituation du Ven-chin, & fa diftance du Japon felon les écrivains