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corps, parce qu’elle en a fait la matière du corps tout entier. § 8[1]. C’est ce qu’on peut observer très clairement dans les animaux d’une excessive maigreur ; on n’y voit plus que des veines, à peu près comme on en remarque sur les feuilles desséchées de vigne ou de figuier, et sur toutes les autres plantes pareilles, où la dessiccation n’a laissé absolument que des nervures. Cela vient de ce que le sang, ou son analogue, est en puissance le corps et la chair, ou ce qui correspond à la chair ou au corps. De même encore que, dans les irrigations, ce sont les fossés les plus grands qui subsistent et que les plus petits disparaissent les premiers et le plus vite, comblés par la vase, mais reparaissant quand on l’ôte ; de même les plus grandes veines subsistent toujours, tandis que les plus petites deviennent effectivement des chairs, bien qu’en puissance elles ne cessent pas d’être de véritables veines. § 9[2]. Aussi, dans toutes les chairs qui sont parfaitement saines, le sang coule aussitôt dans quelque partie qu’on les coupe ; or il n’y a pas de sang sans veine ;

  1. D’une excessive maigreur. Voir des idées analogues dans l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. II, § 3, p. 217 de ma traduction. — Sur les feuilles desséchées. L’exemple est bien choisi, quoique les ramifications des vaisseaux sanguins soient bien visibles directement sur le corps humain. — Des nervures. Le texte dit : « Des veines ». — Dans les irrigations… L’auteur revient à la comparaison qu’il a faite dans le paragraphe précédent. — Deviennent effectivement des chairs. Ou plutôt : « Disparaissent dans les chairs ». — En puissance. Et en fait aussi, puisqu’elles charrient toujours du sang, quelque ténues qu’elles soient.
  2. On n’aperçoit pas de veines. Si on ne les voit pas, c’est uniquement à cause de la ténuité. Ces veinules échappaient à la vue des Anciens ; mais elles n’échappent plus à nos microscopes. — De même que, dans les irrigations. Ici la comparaison cesse d’être juste. — Vont toujours en se rapetissant. C’est là uniquement ce qui empêche de les voir. — La sueur. Physiologiquement, l’explication n’est pas exacte. La sueur n’est pas excrétée par les veines ; mais ce sont des glandes particulières qui produisent le liquide dont la sueur est composée ; ces glandes sont réparties dans tout le corps, et sur toute la surface de la peau. L’organisation de ces glandes est fort compliquée, et elle n’a été étudiée qu’assez récemment.