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sang, uniquement en acte. § 3[1]. Il y a donc nécessité absolue que le principe de la chaleur réside aussi dans le même point ; et c’est là précisément d’où vient que le sang est tout ensemble liquide et chaud. C’est parce que le principe de la sensibilité, ainsi que celui de la chaleur, est dans un seul organe, que la chaleur du sang vient aussi d’un seul principe ; et cette unité du sang fait que celle des veines vient également d’un principe unique. § 4[2]. S’il y a deux veines, c’est que le corps est formé de deux parties dans les animaux qui ont du sang et qui se meuvent. On distingue dans tous ces animaux le devant et le derrière, la droite et la gauche, le haut et le bas. Autant le devant est plus important et plus fait pour diriger

  1. . Le principe de la chaleur… On peut bien placer le principe de la chaleur dans le cœur, à cause du mouvement que le cœur communique à tout l’organisme ; mais la chaleur vient bien plutôt du poumon, où se fait une sorte de combustion par le contact du sang avec l’oxygène de l’air, amené par les bronches. — Le principe de la sensibilité. Il est bien difficile de rapporter au cœur le principe de la sensibilité, après celui de la chaleur ; car sans parler des découvertes de la science moderne, il paraît bien que l’instinct seul suffit pour nous faire croire que toutes nos sensations se rapportent à la tête et à l’encéphale, bien plutôt qu’au cœur. Il est à remarquer que cette théorie, qui aurait dû être placée, ce semble, dans le Traité de l’Ame ne s’y trouve pas ; mais elle est dans les Opuscules psychologiques, Traité du Sommeil, ch. II, § 10, p. 158 de ma traduction ; traité de la Jeunesse, ch. III, § 7, p. 321, et Traité du Mouvement dans les animaux, ch. XI, § 5, p. 277.
  2. S’il y a deux veines… Cet argument n’est pas plus acceptable que quelques-uns des précédents. — Le corps est formé de deux parties. Ce fait est de toute évidence ; mais pour que le rapprochement fait ici eût quelque exactitude, il aurait fallu que les deux veines correspondissent aux deux parties dont le corps se compose, et cela n’est pas. — Autant la grande veine est plus importante. On ne peut pas dire que la veine-cave supérieure soit plus importante que l’aorte ; elles le sont toutes les deux également. — Celle-là est dans la région du devant. C’est à peine si l’on peut dire anatomiquement que la veine-cave supérieure soit au-devant de l’aorte ; elles sont à peu près sur le même niveau, la veine-cave venant à l’oreillette droite, et l’aorte sortant du ventricule gauche. — Tous les animaux qui ont du sang… Ces détails anatomiques sont peu exacts ; mais ils prouvent du moins qu’Aristote avait fait de grands efforts pour s’expliquer l’organisation réelle de tout le système vasculaire chez les animaux.