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s’y rendre également, ou tout au moins s’en rapprocher. § 10[1]. D’un autre côté, comme aucune partie dépourvue de sang n’est sensible et que le sang lui-même ne l’est pas non plus, il est clair que la partie qui, primitivement, contient le sang comme le ferait un vase, doit nécessairement en être le principe. Mais ce n’est pas la raison seulement qui approuve cette disposition des choses, c’est en outre l’observation sensible qui l’atteste. Ainsi, dans les fœtus qui viennent de naître, la première partie que l’on voit se mouvoir, c’est le cœur, comme s’il était déjà un animal, parce qu’il est le principe de la nature qu’ont les animaux pourvus de sang. § 11[2]. Ce qui prouve bien encore que nous sommes dans le vrai à cet égard, c’est que tous les animaux qui ont du sang ont un cœur, parce qu’il faut de toute nécessité qu’ils possèdent le principe de leur propre sang. § 12[3]. Il n’est pas

  1. De sang….. lui-même ne l’est pas non plus. Voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. XIV, § 2, p. 203 de ma traduction. — Il est clair. Cette conséquence n’est pas aussi évidente que l’auteur semble le croire. — Comme le ferait un vase. La comparaison n’est pas très exacte, puisque le cœur ne garde pas le sang, qui ne fait que le traverser. — La raison… l’observation sensible. Voilà les deux conditions de l’excellente méthode qu’Aristote a toujours suivie et qui est la vraie. — La première partie que l’on voit se mouvoir. Voir la même théorie, presque avec les mêmes expressions, dans le Traité de la Jeunesse et de la Vieillesse, ch. III, § 1, p. 318 de ma traduction ; dans ce dernier passage, l’auteur cite le Traité des Parties.
  2. . Tous les animaux qui ont du sang ont un cœur. Cette généralité n’est peut-être pas absolument exacte, du moins dans les théories d’Aristote. Les mollusques, céphalopodes ou gastéropodes ou acéphales, et les crustacés, qu’il classe parmi les animaux exsangues, ont cependant un cœur ; les insectes et les zoophytes n’en ont pas, à moins qu’on ne prenne pour un cœur leur vaisseau dorsal.
  3. . Le foie. Aristote a raison de donner une place secondaire au foie, malgré le rôle important qu’il remplit dans l’organisme entier de l’animal ; celui du cœur est plus essentiel. Voir Cuvier, Anatomie comparée, tome IV, pp. 1 et suiv., 1ere édit. — Non plus que le principe du sang. Le foie verse seulement dans l’intestin la bile, qu’il sécrète du sang veineux ; et il contribue à l’action générale sans la constituer, comme le sang peut le faire. — Sa position. Le foie est la plus grosse des glandes conglomérées ; il est situé en grande partie dans l’hypocondre droit ; il s’étend dans la région ombilicale, et il se prolonge quelquefois jusqu’à l’hypocondre gauche ; il s’adapte par sa concavité supérieure à la concavité du diaphragme ; sa face inférieure repose à gauche sur l’estomac, et à droite sur le rein de ce côté. Voir Cuvier, loc. cit. p. 7. — La rate est en quelque sorte le pendant du foie. On ne sait pas encore au juste quelle est la fonction de la rate, bien qu’elle existe dans tous les animaux vertébrés ; elle occupe l’hypocondre droit. Voir Cuvier, Anatomie comparée, XXIIe leçon, article 5, tome IV, p. 56, 1re édit. — Le réceptacle du sang. On sait que le foie, à l’exception de tous les autres viscères, est surtout alimenté par du sang veineux. Aristote ne pouvait pas faire cette distinction ; mais on pourrait dire que son génie la devinait. — Pas une veine ne part de lui. Le fait est anatomiquement fort exact. Le sang qui alimente le foie a déjà circulé puisqu’il est veineux, et il n’est pas retourné au cœur ; voir Cuvier, loc. cit., p. 1.