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par leur tension extrême. § 2[1]. D’ailleurs, ce ne serait plus là une marche de progression ; ce serait un saut véritable. Mais quand un animal saute, il lui est bien difficile de prolonger un tel déplacement. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir combien se lassent vite sous nos yeux les chevaux qui se donnent ce mouvement, comme ceux des courses de cérémonie. C’est pour cela que les animaux ne se meuvent pas en isolant les parties antérieures des parties postérieures. Si les deux membres droits partaient ensemble les premiers, il n’y aurait plus d’appuis pour soutenir l’animal ; et, ainsi en dehors de ses appuis, l’animal tomberait. § 3[2]. Si donc il y a nécessité que le mouvement se produise par un de ces deux procédés, ou

  1. De progression. J’ai ajouté ces mots, dont le sens est implicitement compris dans l’expression grecque. — Un saut véritable. Ma traduction est encore ici un peu plus précise que le texte. — Il lui est bien difficile de prolonger… C’est très-exact même pour les animaux les plus vigoureux, comme on peut voir, ainsi que le dit Aristote, sur les chevaux de course ; ils ne peuvent soutenir cette allure violente que quelques minutes ; voir Cuvier, Anatomie comparée, tome I, p. 496, 1re édition, vue leçon, article IV. — Des courses de cérémonie. Ou des courses solennelles, comme celles des jeux Olympiques : « metaque fervidis evitata rotis ». — En isolant les parties antérieures. Le mouvement en diagonale fait que les animaux sont soutenus dans les deux sens, à droite et à gauche, devant et derrière. — Si les deux membres droits… Cette allure des deux membres du même côté est ce qu’on appelle l’amble ; elle n’est pas naturelle, et très-peu d’animaux la possèdent ; on cite notamment la girafe ; mais l’industrie humaine a su imposer cette allure spéciale à quelques animaux quadrupèdes. — L’animal tomberait. Ce n’est pas tout à fait exact.
  2. Par un de ces deux procédés. Ces deux procédés sont d’abord le saut et l’amble ; l’auteur les déclare l’un et l’autre impossibles pour la progression ordinaire ; il ne reste donc que le mouvement en diagonale, ou en diamètre. — Aucun de ces inconvénients n’est possible. C’est-à-dire que l’animal peut tout à la fois progresser plus longtemps sans fatigue, et peut progresser avec plus de sécurité. — Les chevaux et les animaux de même genre. Cette généralité est fort exacte ; mais l’analyse de ces mouvements a été poussée beaucoup plus loin par les zoologistes contemporains ; voir M. E.-I. Murey, la Machine animale, Ve édition, pp. 158 et suiv., et M. Pettigrew, la Locomotion chez les animaux, pp. 56 et suiv., édit. de 1871.