Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome II, 1885.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

aurait eu lieu plus vite que celle de l’épiglotte, formée de la chair spéciale qu’ont les animaux couverts de poils.

§ 11[1]. Telles sont les raisons qu’on peut donner pour expliquer comment tels animaux ont une épiglotte, et pourquoi tels autres n’en ont pas, et comment la nature a porté remède à la position défectueuse de l’artère, en imaginant l’épiglotte.

§ 12[2]. Quant au pharynx, il y a nécessité qu’il soit en avant de l’œsophage. En effet, le cœur est sur le devant et dans le milieu ; et c’est dans le cœur que nous plaçons la source de la vie, de tout mouvement, de toute sensation. La sensation et le mouvement

  1. Telles sont les raisons. On peut ne pas accepter les raisons que donne Aristote ; mais on doit rendre pleine justice aux efforts ingénieux qu’il fait ici, comme toujours, pour pénétrer le secret de la nature. — En imaginant l’épiglotte. Voir la même expression plus haut, § 7.
  2. Au pharynx. On voit sans peine qu’il s’agit ici du larynx et non du pharynx ; voir la même confusion un peu plus haut, § 4. Le pharynx est le commencement de l’œsophage, comme le larynx est le commencement de la trachée-artère. — En avant de l’œsophage. Anatomiquement, la trachée-artère est en avant de l’œsophage, qui est plus rapproché de la colonne vertébrale ; mais c’est le larynx, et non le pharynx, comme le dit Aristote. — En effet, le cœur. On ne voit pas bien comment ces considérations sur la position du cœur sont en rapport avec le sujet. La pensée de l’auteur semble se réduire à ceci que, de même que le cœur est placé sur le devant de la poitrine et au milieu, de même le larynx, qu’il appelle pharynx, est placé en avant de l’œsophage. — La source de la vie, de tout mouvement… Sur ces fonctions essentielles attribuées au cœur, voir les Opuscules psychologiques, Traité du Sommeil, ch. II, § 10, p. 158 de ma traduction, Traité de la Jeunesse, ch. III, § 7, p. 321, ch. IV, § 3, p. 323, Traité du Mouvement, ch. X, § 3, p. 272, et ch. XI, § 5, p. 277. Voir aussi, le Traité de l’Ame, passim. — La sensation et le mouvement… le devant. Ces généralités ne sont pas très exactes, puisque, si la vue porte en avant, l’ouïe a une action circulaire, et que, si le mouvement est plus naturel en avant, il n’est pas non plus impossible en arrière. — L’artère et le pharynx. Ici comme plus haut c’est le larynx qu’il faudrait dire, puisqu’on le joint à la trachée-artère. — Le pharynx et l’artère se rendent au poumon. Le pharynx n’a aucun rapport avec le poumon, et il ne communique qu’avec l’estomac par l’œsophage. — On peut dire. Toute cette pensée peut paraître bien subtile, quoiqu’elle ne soit pas fausse. Comme on doit s’étonner qu’Aristote ait pu confondre deux choses aussi distinctes que le pharynx et le larynx, il est possible que la faute en soit aux copistes plutôt qu’à lui ; comme les deux mots sont fort rapprochés l’un de l’autre, l’erreur a pu être facile ; et une fois commise, elle aura persisté. Je donne d’ailleurs cette conjecture pour ce qu’elle vaut ; et en supposant même qu’Aristote ait commis lui aussi cette erreur anatomique, ce ne serait au fond qu’une simple méprise de mots, puisqu’il a soigneusement distingué dans son anatomie l’œsophage de la trachée-artère.