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§ 18[1]. Les phoques et les chauves-souris, qui sont des deux genres, les premiers se rapprochant des animaux aquatiques et terrestres, les autres se rapprochant des animaux volatiles et terrestres, participent de tous les deux, sans être précisément d’aucun. Les phoques, quoique aquatiques, ont des pieds ; et quoique terrestres, ont des nageoires ; leurs pieds de derrière les rapprochent tout à fait des poissons, et toutes leurs dents sont en scie et fort aiguës. Quant aux chauves-souris, elles ont des pieds comme volatiles,

  1. Les phoques et les chauves-souris. Au premier coup d’œil, le rapprochement paraît étrange ; mais ce qui le justifie, c’est que ces deux espèces d’animaux sont mammifères. On peut voir que, dans la science actuelle, les chauves-souris sont rangées aussi parmi les carnassiers chéiroptères, entre les singes, les ours et les phoques ; Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 111, 135 et 166, édit. de 1820. Ainsi la classification d’Aristote n’a rien de faux ; et même elle doit paraître très profonde. — Les phoques, quoique aquatiques… Voir sur le phoque, l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. I, § 11, p. 105 de ma trad. Dans le livre I, ch. I, § 17, p. 13, le phoque et la chauve-souris sont rapprochés comme ils le sont ici. — Ont des pieds. Le fait est exact ; mais les pieds du phoque ne lui servent presque pas à marcher, comme Aristote lui-même le remarque, loc. cit. Voir Cuvier, Règne animal, t. I, p. 167. Le phoque a cinq doigts à tous les pieds. Les doigts vont en décroissant du pouce au petit doigt ; aux pieds de derrière c’est le pouce et le petit doigt qui sont les plus longs. Les pieds sont enveloppés dans la peau du corps en avant jusqu’au poignet, en arrière jusqu’au talon. Les intervalles des doigts sont remplis par des membranes. — Les rapprochent tout à fait des poissons. Ceci est peut-être un peu exagéré. — Sont en scie et fort aiguës. Les phoques ont quatre ou six incisives en haut, quatre ou deux en bas, des canines pointues, et des machelières au nombre de vingt, vingt-deux ou vingt-quatre, toutes tranchantes et coniques ; Cuvier, loc. cit., p. 166. — Quant aux chauves-souris, elles ont des pieds. Les pieds des chauves-souris sont faibles ; ils ont cinq doigts, en général égaux, armés d’ongles tranchants et aigus. — Comme volatiles. Le texte n’est pas plus explicite que ma traduction, et le sens reste assez obscur ; les manuscrits ne donnent aucune variante. — Pas de queue… Ceci ne serait pas exact, si l’auteur ne faisait lui-même une restriction ; absolument parlant, les chauves-souris ont une queue, plus ou moins courte selon les espèces ; mais cette queue n’est pas en effet comme celle des volatiles. Le croupion non plus ne ressemble pas à celui des gallinacés. — Leurs ailes sont de la peau. C’est là en effet le caractère distinctif des chéiroptères. Le repli de la peau qui prend aux côtés du cou s’étend entre les quatre pieds et leurs doigts ; cette appareil les soutient dans l’air et leur permet de voler. L’intervalle des bras, des avant-bras et des doigts est rempli par une membrane, qui constitue des ailes plus étendues en surface que celles des oiseaux. Aussi les chauves-souris volent très haut et très rapidement. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 112, édit. de 1829. — Des ailes divisées. Tandis que celles des chauves-souris ne le sont pas. Quelles que soient l’exactitude et la valeur des renseignements donnés ici, ils montrent tout au moins l’attention qu’Aristote avait donnée à l’étrange organisation de la chauve-souris et des animaux qui lui ressemblent. — La queue serait en outre un obstacle… Peut-être aurait-il fallu expliquer ceci un peu davantage, puisque chez les oiseaux, la queue, loin d’être un obstacle, facilite au contraire le vol, comme on l’établi plus haut.