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charnue, ou à ce qu’elle soit longue et moins charnue. C’est le contraire qu’on observe dans les grenouilles ; car, comme leur largeur en avant n’est pas charnue, toute la chair qui a été enlevée est reportée par la nature en arrière et à la queue. § 3[1]. Si les poissons n’ont pas de membres indépendants, c’est qu’ils sont faits naturellement pour nager, comme l’indique leur définition essentielle, attendu que la nature ne fait jamais rien de superflu ni d’inutile. Comme, d’après leur essence, ils ont du sang, ils ont reçu des nageoires pour nager ; et comme ils ne sont pas faits pour marcher, ils n’ont pas reçu de pieds, parce que l’appendice des pieds n’est utile que pour se mouvoir sur le sol. § 4[2]. Mais il n’était pas possible qu’ils eussent

  1. N’ont pas de membres indépendants. Ceci est en partie une répétition du paragraphe 1. — Sont faits naturellement pour nager. Il y a d’autres animaux que les poissons qui nagent aussi ; mais ce n’est pas là leur qualité essentielle, comme pour les poissons. — La nature ne fait jamais rien de superflu. Principe de la plus haute importance, qu’Aristote a toujours soutenu, et dont il démontre l’application réelle chaque fois que l’occasion s’en présente. — Comme…. ils ont du sang. Cette réflexion ne paraît pas ici bien placée.
  2. Quatre nageoires et des pieds. Il semblerait résulter de ceci que tous les poissons auraient quatre nageoires ; ce serait une erreur, puisque beaucoup de poissons en ont moins ou plus, ou même n’en ont pas du tout. — Du moment qu’ils avaient du sang. Ceci ne se comprend pas bien ; et ce pourrait être une interpolation. — Les cordyles. Sur le cordyle, voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. I, § 13, p. 10, et ch. V, § 6, p. 31 de ma traduction, et liv. VIII, ch. II § 8, p. 12. — Qui ont des branchies, ont des pieds. Il semble que ceci se rapporterait assez bien au têtard des grenouilles, comme le croit M. le docteur de Frantzius. Le têtard est, à sa naissance, pourvu d’une longue queue charnue, sans autres membres que de petites franges autour du cou ; elles disparaissent au bout de quelques jours pour devenir des branchies ; les pattes de derrière et de devant se développent ; la queue disparaît, ainsi que les branchies, et les poumons restent seuls à respirer ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 103, édit. de 1829. MM. Aubert et Wimmer, édit. et trad. de l’Histoire des Animaux, t. II catalogue, p. 116, § 8, croient que le cordyle est la larve du Triton palustris, comme le soupçonnait Cuvier. — Le batos. Sur le batos, voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV, § 2, p. 26 de ma traduction. On ne sait pas au juste ce qu’est le batos ; mais il paraît bien qu’il est de la famille des sélaciens plats ; voir le catalogue de MM. Aubert et Wimmer. p. 145. — Le trygon. C’est la Pasténague ; voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. V, § 49 p. 30 de ma traduction. Le corps des raies, dont le trygon fait partie, est horizontalement aplati et ressemble à un disque ; mais il n’est pas exact de dire qu’elles sont sans nageoires ; il est vrai que les nageoires des pasténagues sont moins développées que celles des raies communes. Voir Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 395 et 399, édit. de 1829. — Car, autrement, ils seraient dépourvus de sang. Ceci encore peut paraître une interpolation.