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indien, dont on vient de parler. L’Oryx a le pied fourchu ; mais l’âne de l’Inde est solipède. Les animaux à une corne unique l’ont au milieu de la tête ; car cette position est la plus propre à donner, en quelque sorte, une corne à chaque côté, puisque le milieu est commun aux deux extrêmes. § 6[1]. Il semblerait plus rationnel que le solipède eût une corne unique plutôt que l’animal à pied fourchu. La sole et la pince sont de même nature que la corne, de telle manière que les soles et les cornes se divisent tout ensemble et de la même manière chez les mêmes animaux. De plus, la division et la double pince ne sont qu’un défaut de la nature ; et il est conforme à la raison qu’ayant donné aux solipèdes un avantage dans leurs soles, la nature leur ôte quelque chose par en haut et ne leur accorde qu’une seule et unique corne.

§ 7[2]. C’est encore avec grande sagesse que la nature

  1. Il semblerait plus rationnel. L’argument serait juste, si le fait était exact. — De même nature que la corne. La sole et la pince sont elles-mêmes de la corne ; la seule différence est dans la position, les unes aux pieds, les autres sur la tête. — Un défaut de la nature….. une seule et unique corne. Ces considérations peuvent sembler bien subtiles, surtout quand on songe que le fait sur lequel elles reposent n’est pas vrai.
  2. . Les cornes sur la tête. Ici au contraire, l’argument est très solide, et la tête est en effet la seule partie du corps où les cornes peuvent être utiles, — Le Momus d’Ésope. C’est sans doute quelque personnage auquel le fabuliste prêtait ces idées bizarres. La réponse d’Aristote est décisive. Dans la mythologie, Momus est le Dieu de la moquerie ; et l’on citait de lui des critiques du genre de celle qui est rappelée ici, et notamment sur la nature de l’homme. — Faute d’avoir porté ses regards assez loin. On ne peut jamais faire à Aristote un reproche pareil.