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et c’est ce qui les rend si lourds. § 13[1]. Quelques espèces d’oiseaux pesants ont aux pattes pour se défendre ce qu’on appelle des ergots, au lieu d’ailes ; mais les oiseaux ne sont jamais tout ensemble pourvus d’ergots et de serres crochues. C’est que la nature ne fait jamais rien d’inutile. Des ergots ne serviraient en quoi que ce soit aux oiseaux à serres crochues et à grand vol, tandis que les ergots servent beaucoup dans les combats qui se livrent à terre. C’est pour ce motif que certaines espèces d’oiseaux lourds en sont armés ; car pour ceux-là, les serres crochues ne seraient pas seulement inutiles, elles seraient en outre dangereuses, attendu que, faites pour empoigner, elles gêneraient beaucoup la marche. § 14[2]. Aussi, tous les oiseaux à serres recourbées marchent mal, et ne se posent jamais sur des pierres ; car dans ces deux cas, la nature de leurs ongles est absolument contraire à ces deux emplois. C’est là une suite nécessaire de leur constitution ; car

  1. Des ergots. Voir l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. VIII, § 9, p. 154 de ma traduction. — Au lieu d’ailes. Ceci n’est pas exact ; les ergots n’excluent pas les ailes ; mais ils vont d’ordinaire avec de mauvaises ailes. — D’ergots et de serres crochues. C’est exact. — Ne fait jamais rien d’inutile. Grand principe, dont Aristote ne cesse jamais de montrer les applications. — Ne serviraient en quoi que ce soit. C’est peut-être trop dire ; les oiseaux de proie ont assez d’armes sans celle-là ; elle pourrait néanmoins leur servir, s’ils l’avaient avec les autres. — Elles seraient en outre dangereuses. Ceci est parfaitement vrai ; et il suffit de voir marcher des vautours et des aigles, pour se convaincre de l’exactitude de cette observation. — Faites pour empoigner. C’est la force de l’expression du texte.
  2. Marchent mal. Tout au contraire, les gallinacés, par exemple, et tant d’autres oiseaux non carnassiers, marchent très fermement sur le sol. — La partie terreuse de leur corps et leur chaleur native. C’est une application de la théorie des quatre éléments, adoptée par Aristote, et qui a régné, quelque fausse qu’elle fût, jusque dans les temps modernes. — Les ergots sur les pattes. Dans l’ordre des gallinacés, par exemple. — Dans les ongles des pieds. Dans l’ordre des oiseaux de proie. — S’affaiblit en se dispersant. Il ne faut pas attacher trop d’importance à ces théories singulières ; la physiologie était alors privée de trop de secours pour être plus exacte dans ses analyses.