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Une particularité qui sépare les serpents de leurs congénères, c’est qu’ils peuvent tourner la tête en arrière sans que le reste du corps vienne à bouger. § 12[1]. La cause en est que, comme les insectes, le serpent peut se rouler, et que ses vertèbres doivent être très flexibles et cartilagineuses. Pour la même raison, cette organisation était d’absolue nécessité chez les serpents ; mais elle a lieu aussi en vue du mieux pour les défendre contre tout ce qui pourrait leur nuire par derrière. Le serpent, long comme il est, dépourvu de pieds, n’est pas fait naturellement pour se retourner à son aise, et pour rechercher ce qui se passe derrière lui ; il ne lui servirait de rien de lever la tête s’il ne pouvait la tourner.

§ 13[2]. Les animaux de ce genre ont bien une partie de leur corps qui répond à la poitrine ; mais ils n’ont

  1. Peut se rouler. Voir Cuvier, loc. cit. p. 176. Ses vertèbres doivent être très flexibles. C’est très vrai ; et de plus, ces vertèbres sont très nombreuses ; le boa constrictor en a 304, dont 252 portant les côtes ; les autres serpents en ont presque autant. Les vertèbres de la queue ne portent point de côtes. — Cartilagineuses. C’est peut-être trop dire. — En vue du mieux. C’est une application du principe de l’optimisme, qu’Aristote a toujours soutenu. — Il ne lui servirait de rien. Tout cela est fort ingénieux.
  2. Les animaux de ce genre. Ceci se rapporte sans doute exclusivement aux serpents ; mais l’expression aurait pu être plus précise ; j’ai dû la rendre telle qu’elle est. — Qui répond à la poitrine. Les serpents proprement dits n’ont pas de sternum ; et il n’est pas exact de dire qu’ils ont une partie de leur corps répondant à la poitrine des autres animaux. — Ils n’ont pas de mamelles. La chose est tellement évidente qu’il n’y avait pas besoin de le dire ; mais Aristote aura cru nécessaire de la mentionner, parce qu’il y a des reptiles vivipares, tels que la vipère. — La mamelle… Voir sur les fonctions des mamelles, l’Histoire des Animaux, livre VII, ch. I, § 10, p. 409, et aussi livre I, ch. X, § 2, p. 59 de ma traduction. — Le lait ne se trouve… Voir l’Histoire des Animaux, livre III, ch. XVI, p. 301, et livre VII, ch. VII p. 431 de ma traduction. — La nourriture analogue. C’est le jaune de l’œuf ; voir l’Histoire des Animaux, livre VIII ch. II, p. 258 de ma traduction. — Dans le Traité de la Génération. Voir ce traité livre III, § 40, édit. et trad. de MM. Aubert et Wimmer ; mais dans ce traité spécial, livre III, § 41, Aristote renvoie à l’Histoire des Animaux pour des détails plus complets ; voir ce dernier traité, loc. cit.