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les poissons, les oiseaux et les quadrupèdes ovipares, ne les remuent qu’en haut et en bas seulement.

§ 8[1]. La cause en est que ce dernier mouvement peut servir à déchirer et à mordre, tandis que le mouvement oblique ne sert qu’à broyer. Le mouvement oblique est fait pour les animaux qui ont des molaires ; mais il ne servirait en rien à ceux qui n’en ont pas ; aussi manque-t-il à tous les animaux qui sont organisés de cette façon, parce que la nature ne fait jamais rien d’inutile. § 9[2]. Chez tous les autres animaux, c’est la mâchoire d’en bas qui est mobile ; le crocodile de rivière est le seul qui fasse mouvoir la mâchoire d’en haut. Cela tient à ce que ses pieds ne servent aucunement, ni à retenir, ni à saisir les choses, parce

  1. La cause en est. L’explication est excellente ; et c’est déjà la théorie de Cuvier sur les conditions d’existence. Voir ma Préface à l’Histoire des Animaux, p. cxxiv, — Ne sert qu’à broyer. Comme on le voit chez les ruminants ou chez le cheval. — Qui ont des molaires. Voir Cuvier, Anatomie comparée, XVIIe leçon, Des molaires chez les mammifères, tome III, p. 158 et suiv. 1ere édit. — La nature ne fait jamais rien d’inutile. Grand et solide principe, qu’Aristote a cent fois répété, et qu’on ne saurait répéter trop souvent ; voir ma Préface à l’Histoire des animaux, p. LXXVIII.
  2. Qui fasse mouvoir la mâchoire d’en haut. C’est une erreur énoncée déjà dans l’Histoire des Animaux, livre I, ch. IX, § 11, p. 55 de ma traduction ; et livre III, ch. Vu, § 4, p. 255. — Cela tient à ce que ses pieds… Sur les pieds du crocodile, voir l’Histoire des Animaux, livre II, ch. I, § 7, p. 103 de ma traduction. Il ne paraît pas que la science moderne ait trouvé rien de particulier dans les pieds du crocodile ; ils sont petits comme tous ceux des sauriens ; et il est vrai, comme le remarque Aristote, qu’ils ne peuvent servir, ni à saisir ni à retenir les choses. — Où le coup peut être le plus fort. L’explication serait ingénieuse, si elle était exacte ; mais elle ne l’est pas, puisque la mâchoire d’en haut chez le crocodile n’est pas mobile ; elle ne se meut qu’avec la tête entière ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 18, édit. de 1829. Ce qui fait l’illusion, c’est que la mâchoire inférieure se prolonge derrière le crâne. — Le mouvement de la mâchoire d’en haut. C’est une simple supposition, que l’observation dément.