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comme eux aussi une langue dans la bouche. Il faut toutefois excepter le crocodile de rivière, qui ne peut pas sembler avoir précisément une langue, et qui n’en a que la place. Cela tient à ce qu’il est en quelque sorte tout à la fois un animal terrestre et un animal aquatique. En tant que terrestre, il a la place de la langue ; mais en tant qu’il est aquatique, il n’en a pas. § 3[1]. Les poissons, comme on l’a vu plus haut, semblent tantôt ne pas en avoir du tout, si on ne leur ouvre fortement la bouche en l’inclinant ; et tantôt ils n’en ont qu’une, qui est sans aucune articulation. La cause en est qu’une langue serait bien peu utile aux poissons, parce qu’ils ne peuvent, ni mâcher, ni déguster leurs aliments, mais que la sensation et le plaisir que les aliments leur causent à tous ne consistent qu’à les

  1. Plus haut. Voir plus haut liv. II, ch. 17, § 8 ; et aussi l’Histoire des Animaux, loc. cit., où il est dit également que, pour bien voir la langue des poissons, il faut leur ouvrir fortement la bouche. Les chondroptérygiens n’ont même pas de langue. — Une langue serait bien peu utile aux poissons. L’explication est vraie, et, tout au moins, fort ingénieuse. — Ni mâcher, ni déguster. Le fait est incontestable. — Ne consistent qu’à les avaler. De là vient la voracité bien connue des poissons, et particulièrement des squales et des traies. — La langue qui fait sentir les saveurs. Voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IX, § 13, p. 56 de ma traduction. On n’est pas d’accord, même aujourd’hui, sur la partie de la langue qui fournit surtout la gustation ; voir la Physiologie comparée de M. G. Colin, 2e édit., tome I, p. 299 ; voir aussi la Zoologie de M. P. Gervais, 3e édition, p. 266. Il paraît que c’est le nerf lingual de la cinquième paire qui donne plus particulièrement la sensation de la saveur,