Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome II, 1885.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

capable de s’écarter et de se diviser en plusieurs segments ; c’est parce qu’elle peut s’écarter, qu’elle peut aussi se réunir, bien que la faculté de se réunir n’implique pas nécessairement celle de s’écarter. On peut se servir de la main d’une seule façon, ou de deux, ou même de plusieurs. § 19[1]. Les flexions des doigts permettent aisément de tout saisir et de tout presser. D’un côté, il n’y a qu’un seul doigt ; et celui-là est court et épais ; il n’est pas long. De même que sans la main on ne pourrait absolument rien prendre, de même on ne le pourrait pas davantage, si ce doigt n’était pas ainsi placé de côté ; il presse alors de bas en haut ce que les autres doigts pressent de haut en bas. Cette disposition était indispensable pour qu’il pût fortement serrer ce qu’il prend, comme fait un lien puissant, et que, dans son isolement, il pût égaler l’action de tous les autres. § 20[2]. S’il est court, c’est pour

  1. De côté, il n’y a qu’un seul doigt. C’est le pouce, « le seul doigt dont l’os du métacarpe puisse s’écarter et se rapprocher des autres d’une manière sensible ; aussi est-il opposable aux autres doigts »; Cuvier, loc. cit., p. 307, 1ere édition. — Court et épais. Ces deux épithètes conviennent bien au pouce, comparé aux autres doigts. — De bas en haut… C’est bien là en effet l’office du pouce. — Égaler l’action de tous les autres. C’est la traduction littérale ; mais on peut trouver que cette pensée pouvait être exprimée plus exactement.
  2. S’il est court… L’argument est très solide, et il est certain que, si le pouce était aussi long que les autres doigts, il rendrait beaucoup moins de services. — Le dernier doigt soit petit. Il s’agit du petit doigt, à ce qu’il semble ; cependant la suite tendrait à prouver qu’il s’agit toujours du pouce, qui en un sens est bien aussi le dernier doigt, en même temps qu’il est le plus petit. — Celui du milieu soit allongé. C’est le fait ; mais la comparaison que fait Aristote du doigt du milieu à la rame d’un navire est plus poétique que scientifique. La rame du milieu dans un navire est la plus longue, parce qu’elle correspond à la plus grande largeur du vaisseau ; mais la main de l’homme n’offre rien de pareil. — Le grand doigt. L’idée de grandeur équivaut ici à celle d’importance ; il ne s’agit pas de la grandeur effective. — Les autres doigts ne serviraient presque à rien. Cette observation est parfaitement juste, et c’est parce que le pouce est opposable, qu’il est si utile. On peut remarquer, relativement à tout ce passage, qu’Aristote n’a pas parlé des phalanges des doigts, qui ont cependant aussi une grande importance.