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bien chaussé qu’eux, parce qu’il est nu, et qu’il est sans armes pour sa défense. § 17[1]. Mais tous les animaux autres que l’homme n’ont jamais qu’une seule et unique ressource pour se défendre ; il ne leur est pas permis d’en changer pour en prendre une autre. Mais il faut nécessairement que, de même que toujours l’animal dort tout chaussé, il fasse aussi tout le reste dans les mêmes conditions ; il ne peut jamais modifier le mode de protection donné à son corps, ni l’arme qu’il peut avoir, quelle qu’elle soit. Tout au contraire, l’homme a pour lui une foule de ressources et de défenses ; il peut toujours en changer à son gré, et avoir à sa disposition l’arme qu’il veut et toutes les fois qu’il le veut. La main devient tour à tour griffe, pince, corne, lance, épée, ou toute autre arme et tout autre instrument. Si elle peut être tout cela, c’est qu’elle peut tout saisir et tout retenir. § 18[2]. La conformation même de la main a été parfaitement adaptée à sa destination naturelle. Elle est à la fois

  1. . Une seule et unique ressource. L’observation est de toute évidence ; mais Pline ne l’a pas recueillie, quoiqu’elle méritât de l’être. — Tour à tour griffe… lance… épée… Tout cela est aussi ingénieux que vrai. On ne saurait trop remarquer des considérations si hautes et si exactes. — Elle peut tout saisir et tout retenir. En ces quelques mots, le philosophe caractérise l’utilité prodigieuse de la main ; voir sur toute cette théorie Chateaubriand, Génie du christianisme, livre V, ch. XIII, citant Cicéron et Aristote.
  2. La conformation même de la main. Ceci est de la physiologie et de l’anatomie d’une profonde intelligence. — Capable de s’écarter et de se diviser. Cette analyse générale suffit pour bien faire comprendre le rôle de la main. La différence de la longueur et de la position des doigts suffit pour l’expliquer entièrement ; voir Cuvier, Anatomie comparée, tome I, IVe leçon, Os de la main, et Muscles de la main, pp. 300 et 317.