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leur corps pour développer les pieds chez ceux-ci, tandis que chez celles-là, elle a pris aux pieds pour accroître le corps. § 9[1]. C’est là ce qui fait que les pieds servent aux uns non seulement pour nager, mais aussi pour marcher, tandis qu’ils sont inutiles aux seiches et aux teuthies. Les pieds sont petits ; mais le manteau est grand. Puis, comme les pieds sont petits et ne peuvent leur servir pour s’attacher et n’être pas emportés par les flots et la tempête, ni pour rapprocher les objets éloignés, il y est suppléé par deux trompes fort longues, qui leur permettent de lever l’ancre et de naviguer, comme un bateau, malgré le mauvais temps. Les seiches et les teuthies s’en servent aussi pour saisir leur proie et s’approprier les objets éloignés. Les polypes n’ont pas besoin de ces trompes, parce que leurs pieds peuvent leur rendre les mêmes services.

§ 10[2]. Ceux qui ont aux pieds des suçoirs et des tentacules y trouvent la même force et la même disposition

  1. Aux uns… pour nager. Ce sont les polypes que l’auteur veut designer. — Pour marcher. L’expression est peut-être un peu exagérée. — Deux trompes fort longues. Ceci se rapporte moins spécialement aux polypes d’Aristote qu’aux calmars, qui ont près de la tête deux bras beaucoup plus longs que leurs pieds, et qui leur servent pour se tenir comme à l’ancre, quand les flots sont agités. Voir Cuvier, Règne animal, t. III, pp. 12 et 14, édit. de 1830. Il semble du reste que le naturaliste grec fait ici quelque confusion entre les seiches et les polypes ; et qu’il attribue aux uns ce qui n’appartient qu’aux autres. Du moins, c’est ce qui résulte des descriptions que la science moderne donne de ces différents mollusques. — Les polypes n’ont pas besoin de ces trompes. Il reste toujours de l’obscurité sur ce qu’il faut entendre par Polypes.
  2. . Des suçoirs et des tentacules. Tous les céphalopodes ont des suçoirs et des ventouses, qui leur rendent tous les services que signale ici Aristote. — Les tissus… Il est assez difficile de bien voir de quel instrument de chirurgie il peut être question ici. Pour certains pansements ou pour certaines opérations, les médecins, dès le temps d’Hippocrate, revêtaient leurs doigts d’une enveloppe faite de feuilles de palmiers ; mais on ne sait pas très précisément comment était faite cette espèce de gant ; voir le mot Saura dans le Trésor d’Henri Etienne, édit. Firmin-Didot. Je ne trouve rien dans le traité de l’Officine du Médecin, qui ait rapport à ce détail, Œuvres d’Hippocrate, t. III, pp. 273 et suiv., édit. et trad. E. Littré. — Sont tissus de fibres. Ceci ne représente pas bien la conformation de ces animaux. — Tout ce qui vient à leur portée. Ce sens n’est pas très sûr, parce que l’expression du texte est très vague. — Comme elles sont flexibles. Ceci est exact, qu’il s’agisse des pieds ou des tentacules des mollusques. — Qui les touche tout entier. Ceci est également exact. — Au lieu de mains. Le rapprochement est tout naturel ; et ces tentacules, longs et puissants, sont, pour bien des mollusques, des armes redoutables, comme Cuvier le remarque, loc. cit. 7 p. 12.