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corps ; et pour peu qu’on y regarde, on comprendra pourquoi le mésentère a été donné aux animaux qui ont du sang. § 2[1]. En effet, comme nécessairement les animaux doivent tirer leurs aliments du dehors, et que c’est de ces aliments que provient la nourriture définitive qui se répartit dans toutes les parties du corps, et qui, n’ayant pas de nom dans les animaux dépourvus de sang, s’appelle le sang dans les animaux qui en ont, il doit y avoir quelque organe qui permette à la nourriture de cheminer de l’estomac dans les veines, comme à travers des racines. § 3[2]. Les plantes ont leurs racines dans le sol, d’où elles tirent leur nourriture ; chez les animaux, c’est l’estomac et l’action puissante des intestins qui est la terre destinée à leur fournir l’alimentation. La nature du mésentère est en quelque sorte d’avoir pour racines les veines qui le

  1. . En effet, comme… L’explication donnée ici ne s’applique pas assez directement au mésentère, et elle pourrait aussi bien s’appliquer à tout autre organe. — Il doit y avoir quelque organe… Ceci est exact ; mais ce n’est pas là la fonction des mésentères. La fonction qu’Aristote veut désigner ici, et qui est en effet indispensable, est celle des vaisseaux chylifères, qui prennent naissance de la paroi interne des intestins, et qui sucent dans l’intestin toutes les portions définitivement nutritives ; voir Cuvier, Anatomie comparée, tome III, p. 7, De la digestion en général. — À travers des racines. Voir plus haut, livre II, ch. III, § 9, cette métaphore déjà employée par l’auteur. Cuvier se sert, loc. cit., de la même métaphore, qui se présente tout naturellement, et il parle « de la succion de petites racines des vaisseaux chylifères. »
  2. . Qui est la terre. Suite de la métaphore employée dans le paragraphe précédent. — D’avoir pour racines les veines. Ce n’est pas là une condition particulière aux mésentères ; tous les viscères, tous les organes du corps en sont là ; ils sont tous alimentés par le sang que leur apportent les artères, et qui est ramené au cœur par les veines. Les artères principales du mésentère sont l’artère mésentérique supérieure, qui naît de la partie antérieure de l’aorte au-dessous du trou cœliaque, et gagne le mésentère près du mésocôlon transverse, et l’artère mésentérique inférieure, moins volumineuse. — On voit par là… Cette explication n’est pas aussi claire que l’auteur semble le croire. — C’est ce que nous dirons plus tard. L’étude qu’annonce Aristote est celle de la digestion tout entière ; c’est une des plus complexes de toute la physiologie et de l’anatomie ; et cette fonction n’a été bien connue que de nos jours, sans l’être même encore tout entière. Cuvier y a consacré près de deux volumes de son Anatomie comparée, tout le troisième, et une partie du quatrième, 1ere édition. — Sur la Génération des animaux, Aristote, dans ce traité spécial, est revenu bien des fois à la question de la nutrition ; mais il ne l’a pas exposée d’une façon particulière ; voir la table de l’édition de MM. Aubert et Wimmer, p. 436. — Sur l’Alimentation. Ou la Nutrition. Ce traité, qui est mentionné encore par Aristote dans les Opuscules, du Sommeil, ch. III, § 2, p. 162 de ma traduction, n’est pas parvenu jusqu’à nous. C’est une perte regrettable, comme tant d’autres.