Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome II, 1885.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

remplit. En général, les animaux qui souffrent de ces affections morbides n’ont pas de bile ; et c’est ce qu’on verrait clairement si l’on prenait la peine de les disséquer. La quantité de bile qui se forme dans ces maladies et celle qui s’épanche n’ont pas le moindre rapport. § 5[1]. A notre avis, de même que la bile qui peut se trouver dans le reste du corps n’est qu’une excrétion et une pourriture de certaine espèce, de même celle qui est dans le foie n’est également qu’une excrétion d’un certain genre, et n’a pas de but ultérieur, non plus que le dépôt qui se forme dans le ventre et dans les intestins. Il est vrai que parfois la nature utilise les excrétions mêmes ; mais ce n’est pas à dire qu’il faille chercher toujours à découvrir dans quel but la chose est faite ; et il faut se borner à constater que, telles conditions étant données, il y a beaucoup d’autres phénomènes qui, de toute nécessité, suivent ces premières conditions.

§ 6[2]. Les animaux chez lesquels la constitution du foie

  1. Qui peut se trouver dans le reste du corps. Peut-être Aristote veut-il par là indiquer la jaunisse. — N’a pas de but ultérieur. L’action de la bile sur la digestion et sur l’organisme entier n’a été bien connue que de notre temps ; voir Cuvier, Anatomie comparée, XXIIe leçon, 1e édit. — Chercher toujours à découvrir… C’est au contraire ce qu’Aristote a toujours fait, et ce qu’il a fait spécialement dans le présent traité ; on ne saurait l’en blâmer, bien qu’il soit souvent prudent à la science de ne pas prononcer sur le but que se propose la nature. — Se borner à constater. Règle de méthode très sage, quand elle est appliquée avec discernement.
  2. . La constitution du foie est saine. C’est-à-dire, qui n’ont pas de maladie de foie. — La partie du sang. Aristote ne pouvait pas savoir que le foie est alimenté par du sang veineux, au lieu de l’être par du sang artériel, comme tous les autres viscères ; voir Cuvier, Anatomie comparée, XXIIe leç., p. 2, 1e édit. — D’un goût agréable. Dans les animaux dont le foie peut servir à la nourriture de l’homme. — La plus douce au goût. Le texte dit simplement : La plus douce. — Qui est sous la bile. Ceci ne se comprend pas bien ; c’est la traduction littérale ; mais par la bile, il faut sans doute entendre ici la vésicule biliaire. A propos de la douceur du foie, quelques commentateurs ont cru qu’Aristote avait eu comme un pressentiment de la découverte faite de nos jours par Claude Bernard, sur l’élaboration du sucre par le foie. Cette conjecture trop favorable au naturaliste grec n’a rien de fondé, et Aristote ne parle ici que de la saveur et du goût qu’offre le foie quand on le mange. — Des parties. J’ai ajouté ces mots. — Devient de la bile. Il semblerait d’après ceci que la bile résulterait de quelque corruption du sang ; il n’en est rien ; et la bile est un produit indispensable à la bonne digestion et à la santé ; ce produit est tout à fait naturel.