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nourriture qui le remplisse ; et la conformation toute droite de l’intestin produit le renouvellement rapide de ce désir. § 21[1]. Aussi tous les animaux qui ont pour les aliments des réceptacles simples et très larges, sont voraces, tantôt pour la quantité de nourriture qu’ils absorbent, tantôt pour la rapidité avec laquelle ils la prennent. Comme nécessairement, dans la cavité d’en haut, la nourriture est toute fraîche lors de sa première ingestion, et qu’en avançant en bas elle devient de plus en plus stercorale et desséchée, il faut nécessairement aussi qu’il y ait un point intermédiaire, où elle change, et où elle ne soit plus dans son premier état de fraîcheur, et où elle ne soit pas encore de la fiente. § 22[2]. Aussi, tous ces animaux ont-ils l’intestin qu’on appelle le jéjunum, dans le petit intestin qui vient après l’estomac. Ce point des entrailles est situé, d’une part, entre l’estomac d’en haut où est l’aliment

  1. . Des réceptacles. Ce sont sans doute les estomacs des animaux qui n’en ont qu’un. — Sont voraces. Les carnassiers et les poissons en général. — Dans la cavité d’en haut. C’est l’estomac proprement dit, précédant le reste du tube intestinal — En avançant. C’est la propulsion du bol alimentaire, depuis la bouche jusqu’à l’anus. — Un point intermédiaire. La théorie est exacte logiquement ; mais la physiologie aurait sans doute beaucoup de peine à spécifier les lieux et les phases de cette transformation, quelque réelle qu’elle puisse être.
  2. Le jéjunum. Le mot grec répond tout à fait à celui que nous empruntons du latin ; et il signifie également le Jeûne. Le jéjunum est la seconde partie de l’intestin grêle entre le duodénum et l’iléon ; il est ainsi nommé, parce que, dans le cadavre qu’on dissèque, on le trouve presque toujours vide. — Le petit intestin. C’est l’intestin grêle. — Qui vient après l’estomac. En effet, l’intestin grêle s’étend de l’estomac au gros intestin. — L’estomac d’en haut… l’estomac d’en bas. Il serait peut-être mieux de dire : « La cavité d’en haut, la cavité d’en bas »; mais le texte répète le même mot qui, un peu plus haut, a exprimé l’Estomac. — Qui ne peut plus être utilisé. C’est la partie des aliments qui doit être rejetée, après toutes les élaborations successives dans toute la longueur du canal intestinal, depuis la mastication jusqu’à la défécation. — Dans les animaux qui sont plus gros. C’était une précaution anatomique tout indiquée d’observer surtout les animaux les plus gros. Aristote la recommande souvent ; et ceci prouve une fois de plus qu’il la pratiquait lui-même avec soin. — Les deux lieux. C’est-à-dire l’estomac, rempli par l’office de l’œsophage, et le canal intestinal, commençant au pylore. — Une sorte d’état intermédiaire. Ceci ne peut se rapporter qu’à l’acte de la chymification, qui commence dans l’estomac, peu après l’ingestion des aliments ; ils se mélangent au suc gastrique ; et quand le chyme est suffisamment élaboré, il sort par le pylore dans le duodénum, et il s’y transforme en chyle, qui nourrit tout l’organisme, et en excrément, qui doit être rejeté. — L’instant du changement est extrêmement court. La remarque est juste, bien que l’expression soit un peu vague. — Dans les femelles… dans les mâles. Ces détails ne paraissent pas exacts ; et les sexes n’ont rien à faire ici. J’ai gardé les mots de Femelles et de Mâles, qui sont dans le texte, quoique ceci semble se rapporter à l’espèce humaine. — Avant le cæcum. Le cæcum, ou l’Aveugle, est ainsi appelé parce qu’il forme une sorte de cul-de-sac ; c’est la première partie du gros intestin, avant le colon et le rectum. Tous les détails qui ont été donnés ici par Aristote attestent que, dès cette époque, l’anatomie des entrailles était assez avancée. Les parties principales du canal alimentaire sont distinguées ; elles ont reçu des noms qui, depuis lors, n’ont presque pas changé. L’analyse n’est pas poussée très loin ; mais dans ses limites, elle est exacte, et c’est déjà beaucoup. Hippocrate paraît avoir distingué l’intestin grêle, Aphorisme, VIe section, § 24, p. 568, tome IV, édit. E. Littré, et le gros intestin, Épidémies, liv. VI, IVe section, § 6, t. V, p. 308, édit. E. Littré.