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amollie ; et c’est pour cela qu’ils ont toujours des estomacs qui sont humides par une coction insuffisante et par leur genre de nourriture.

§ 12[1]. Les poissons ont des dents, et l’on peut presque dire qu’ils ont tous des dents alternantes, qui s’enchevêtrent ; car il n’y a que très peu d’espèces de poissons qui en soient dépourvues, comme le scare, qui, par cette raison même, très concevable du reste, est peut-être le seul poisson qui rumine. Les animaux qui n’ont pas la double rangée de dents et qui ont des cornes, ruminent. Tous les poissons ont des dents aiguës capables de diviser la nourriture ; mais elles

  1. Les poissons ont des dents. Cette généralité est exacte ; mais les dents des poissons varient beaucoup. Cuvier y a consacré une longue étude, Anatomie comparée, XVIIe leçon, article IV, pp. 175 et suiv., 1re édition. Les dents des poissons se distinguent surtout par leur forme et par leur position, en crochet, en cône, à couronne plaie, tranchantes, implantées dans les os intermaxillaires, ou dans la mâchoire inférieure, ou au palais, ou sur la langue, ou sur les osselets des branchies, ou à l’œsophage, ou au pharynx. Toutes ces diversités sont isolées et uniques, ou bien mêlées les unes aux autres. Les brochets de nos étangs sont au nombre des poissons qui ont le plus de dents. Le requin a ses dents en triangle isocèle, plus longues que larges, etc. — Le scare. Voir l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. IX, §§ 7 et 10, pp. 160 et 162 de ma traduction. — Les animaux… ruminent. Ce retour aux ruminants paraît assez singulièrement placé ici ; et on peut croire que c’est une interpolation, puisque la phrase suivante revient aux poissons. — Ne la divisent que très imparfaitement. Ceci est plus exact que ce qui précède ; et les poissons en général ne font ordinairement qu’avaler leur nourriture. — Les dents leur seraient bien inutiles. Il faut sous entendre : « Si ces dents étaient faites comme celles des quadrupèdes. » Sur l’appareil de la digestion chez les poissons, voir la Zoologie descriptive de M. Glaus, p. 793, trad. franc.; voir aussi Cuvier, Règne animal, tome II, p. 127, édition de 1829.