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§ 10[1]. Les uns ont un large œsophage, ou bien, en avant de l’estomac, une partie gonflée de cet œsophage, où ils amassent d’avance de la nourriture non élaborée ; ou bien encore, c’est une partie de l’estomac qui se renfle. D’autres oiseaux ont l’estomac lui-même fort et charnu, afin de pouvoir emmagasiner longtemps et cuire la nourriture qui n’est pas assez amollie. La nature répare ainsi l’insuffisance de la bouche par l’énergie et la chaleur de l’estomac. § 11[2]. Il y a des oiseaux qui n’ont rien de tout cela, mais qui n’ont qu’un vaste gésier ; et tels sont les oiseaux qui ont de longues pattes et qui vivent dans les marais, pour contrebalancer la liquidité de leur nourriture. C’est qu’en effet la nourriture de tous ces oiseaux est facilement

  1. . Une partie gonflée de cet œsophage. C’est le jabot, dont la distension se manifeste fortement au dehors. — La nourriture non élaborée. Les aliments ne sont digérés en effet que par le gésier. — Une partie de l’estomac qui se renfle. Ceci est moins exact ; car c’est une partie de l’œsophage bien plutôt que de l’estomac. — Fort et charnu. Ceci s’applique très bien au gésier, qui est revêtu de trois membranes, et qui a des parties presque aussi dures que de la corne. — L’insuffisance de la bouche. L’expression est fort heureuse.
  2. . Il y a des oiseaux… un vaste gésier. Cuvier, loc. cit., s’est arrêté assez longuement à décrire le gésier du héron. Ce gésier a des muscles très minces, et il semble ne former qu’un seul grand sac avec le ventricule succenturié. On dirait qu’il n’y a pas là de gésier proprement dit, et qu’il n’y a qu’un estomac membraneux. On voit que, dans ses traits généraux, la description du naturaliste grec est exacte, et qu’il avait bien aperçu les différences d’organisation. — Des estomacs qui sont humides. Ceci est peut-être obscur ; et sans doute c’est d’après les excrétions de ces oiseaux qu’Aristote juge que leur estomac doit être humide et qu’il digère imparfaitement les aliments.