Page:Aristote - Traités des parties des animaux et de la marche des animaux, tome II, 1885.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas Lui. § 7[1]. En Carie on a si bien cru à la possibilité de ce fait, qu’on est allé jusqu’à mettre en jugement un indigène. Un prêtre du Jupiter « à l’armure » ayant été tué sans qu’on sût par qui, quelques personnes prétendirent avoir entendu la tête coupée répéter à plusieurs reprises : « C’est Cercidas qui a tué homme pour homme. » On chercha dans le pays l’homme qui s’appelait Cercidas, et on le mit à mort. § 8[2]. Mais il est bien impossible de parler quand l’artère a été coupée et séparée, et quand le mouvement qui doit venir du poumon ne peut plus avoir lieu. Chez les barbares, qui coupent si lestement les têtes, on n’a jamais rien vu de pareil. Mais pourquoi ne le voit-on pas chez d’autres animaux que l’homme ? On comprend d’ailleurs, sans peine, que les animaux ne rient pas quand le diaphragme est blessé, puisque l’homme

  1. En Carie. Dans la partie sud-ouest de l’Asie Mineure. La contrée était habitée par des Grecs en même temps que par des indigènes. Halicarnasse, patrie d’Hérodote, était la principale ville, sur le bord de la mer, en face de l’île de Cos. Les Cariens passaient pour peu intelligents ; et le conte absurde que cite Aristote ne dépare pas la réputation qu’on leur avait faite. — Jupiter « à l’armure ». C’était sans doute une divinité locale.
  2. Mais il est bien impossible. La réfutation est péremptoire ; la trachée-artère une fois tranchée, la parole ne peut plus se produire. — Coupée et séparée. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Qui coupent si lestement les têtes. Il y a cette nuance d’ironie dans l’expression du texte. Ces mœurs féroces n’ont guère changé dans ces pays depuis le temps d’Aristote. — Chez d’autres animaux. Cet argument n’est pas moins fort que le précédent. — L’homme est le seul animal… Répétition de ce qui vient d’être dit plus haut, § 5. — Puisse faire encore quelques pas. C’est l’impulsion antérieure qui continue et achève son effet. — Les animaux qui n’ont pas de sang. Ce sont les insectes. — Dans d’autres ouvrages. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. VII, § 2, p. 69 de ma traduction ; voir aussi dans les Opuscules psychologiques, Traité de la Longévité, etc., ch. VI, § 4, p. 301 de ma traduction. Aristote est revenu à plusieurs reprises sur ce phénomène, qui est en effet très curieux.