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organe doit nécessairement les prendre encore. § 11[1]. Du reste, c’est bien ainsi que les choses se passent ; et les veines se dirigent partout à travers le mésentère, commençant d’en bas pour aller jusqu’au ventre. On peut voir cette disposition des veines d’après les dessins Anatomiques et d’après l’Histoire naturelle. Mais comme il faut un organe qui reçoive toute la nourriture et les excréments qui en résultent, et que les veines sont en quelque sorte le vase du sang, il est clair que le sang est la nourriture définitive des animaux qui ont du sang, et que c’est la partie qui tient lieu du sang pour ceux qui n’en ont pas. § 12[2]. De là vient que le sang diminue dans les animaux qui ne prennent pas de nourriture, et qu’il augmente au

  1. Les veines se dirigent partout… Il est difficile de voir à quels faits anatomiques Aristote veut faire allusion, bien qu’il eût pris la peine de joindre des dessins à sa description. — Jusqu’au ventre. On pourrait traduire aussi : Jusqu’à l’estomac ; le mot grec a les doux sens. Mais il est impossible de se rendre compte clairement du trajet « des veines partant d’en bas ». — Des dessins Anatomiques. On sait que c’est Aristote qui a pensé le premier à cet ingénieux procédé. Voir M. Emile Heitz, Les écrits perdus d’Aristote, 1865, p. 71. — L’Histoire naturelle. C’est l’expression même du texte ; et c’est évidemment l’Histoire des Animaux, qui se trouve désignée ainsi, liv. III, ch. III, § 2 et IV, § l, de ma traduction. — Le sang est la nourriture définitive. C’est le sang que la science moderne appelle le fluide nourricier ; au fond, elle adopte la pensée du naturaliste grec, ou plutôt elle constate le même fait. — Qui tient lieu du sang. Par exemple, chez les insectes et chez tous les animaux à sang blanc ; voir la Préface à l’Histoire des Animaux, pp. XXXII et suiv.
  2. Diminue. Ou peut-être : Manque. — Qui ne prennent pas de nourriture. La privation absolue de nourriture amène la mort ; il ne s’agit sans doute ici que d’une privation relative, qui réduit la quantité du sang et l’altère. — Chez ceux qui en prennent. Le fait est évident dans cette généralité ; le point le plus délicat, ce serait de fixer le rapport de la quantité du sang à la quantité de la nourriture ; mais je ne sais si des calculs de ce genre ont jamais été faits. — N’a pour objet que de les nourrir. Cuvier, Anatomie comparée, tome III, de la digestion en général, p. 4, dit : « Tous les aliments se décomposent et se confondent par l’acte de la digestion, en un fluide homogène, d’où chaque partie reçoit les aliments qui la doivent nourrir, les attire à elle par une espèce de choix, et les combine entre eux dans les proportions convenables. C’est l’emploi de ce fluide nourricier qui constitue la nutrition proprement dite. »