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pouvons nous reporter avec assez de certitude à son berceau ; il est plus difficile d’imaginer ce qu’elle sera un jour. Mais sans vouloir risquer de téméraires hypothèses, il est quelques prévisions qu’on peut se permettre. Ainsi la science continuera très certainement à faire des progrès, et si l’on se rappelle ceux qu’elle a réalisés depuis peu, il semble que sa marche s’accélère à mesure qu’elle s’éloigne de son origine ; on dirait qu’elle suit la loi de la chute des graves, et que les espaces parcourus par elle sont aussi en raison directe des temps écoulés. Ce n’est donc pas faire une supposition déraisonnable que de prédire que la science sera dans trois mille ans supérieure à la nôtre, dans la mesure où la nôtre est supérieure à la science des Grecs. D’un autre côté, comme l’esprit humain est placé devant l’infini, on peut dire encore que, dans six mille ans, cette. seconde science que nous supposons si fort au-dessus de la science actuelle, sera dépassée elle-même ; en un mot, il n’y a pas de terme en ceci ; l’infini reculant sans cesse devant nous, il nous sera donné d’en approcher de plus en plus sans jamais l’atteindre ; la carrière ouverte à nos labeurs ne sera jamais dose. Ce serait pour l’homme une chimère d’orgueil insensé, de croire qu’il puisse posséder un jour le mot total de l’énigme universelle, comme ce serait une humilité trop forte que de se décourager et de croire qu’il LXXXVIII