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avec toutes les conséquences nécessaires qui en découlent.

Ce grand exemple doit nous éclairer, et il faudrait vouloir fermer les yeux pour ne pas voir ce qu’il signifie. Oui, les faits sont les préliminaires de la science ; ils en sont la condition obligée et première. Mais, à eux seuls, ils ne signifient rien ; si l’on ne donne pas le mot de l’énigme, ce sont des matériaux obscurs quoique très précieux ; tant qu’on n’en a pas trouvé le sens, ce sont comme les pierres d’un futur édifice, n’exprimant rien dans leur isolement et dans leur pure réalité, et ne voulant dire quelque chose que quand une pensée supérieure les a coordonnés dans un tout intelligible. Il faut des pierres, sans doute, pour construire le temple ; mais, sans le temple, que sont les pierres mêmes les plus belles et les mieux taillées ?

Il y a donc eu, en astronomie, comme dans toutes les sciences sans exception, deux courants parallèles : les faits et leur explication, l’observation et la théorie. Laplace a prétendu que l’astronomie était la plus parfaite des sciences[1] ; je ne le nie pas ; mais ce n’est pas à dire qu’elle puisse servir de modèle et d’exemple, comme Laplace le croyait ; LXXI

  1. Exposition du système du monde, Tome I, page 1, et Tome II, p. 346 et p. 411, édition de 1824.