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des instruments. L’intelligence leur a été plus utille que les sens n’auraient jamais pu l’être. Préalablement, les faits, qui ont éclairé et guidé leur réflexion, étaient absolument indispensables ; mais ils étaient absolument insuffisants ; et tout en étant nécessaires, ils n’en seraient pas moins restés muets, sans de pareils interprètes. L’esprit de ces grands hommes, associé en quelque sorte à la création, en a percé le mystère ; et le système du monde ne nous apparaît plus aujourd’hui, ainsi que l’a si bien dit Laplace, que comme un problème de mécanique rationnelle, où l’analyse seule est consultée, et où elle peut tout.

De nos jours, il nous a été donné de voir cette profonde parole se justifier par la découverte de la planète de Neptune. On savait, dès longtemps, qu’Uranus éprouvait dans son orbite certaines perturbations dont on avait essayé de fixer les limites précises. On avait soupçonné que ces perturbations pouvaient bien tenir à l’existence de quelque corps voisin, exerçant une action puissante quoiqu’il fût invisible[1]. Mais si ce corps existait comme on le conjecturait, où était-il ? Dans quelle partie de l’espace ? Quelles étaient ses dimensions ? Quelle était sa distance ? En un mot, quelles conditions LXIX

  1. Laplace, Exposition du système du monde, tome II, pages 390 et 408, et aussi page 91, édition de 1824.