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d’intelligence et de raison, dit Aristote, que de ne pas se demander comment il est possible que la terre se tienne, ainsi qu’elle se tient, dans la place qui lui est assignée. La plus petite parcelle de terre, quand on l’élève en l’air et qu’on la lâche tombe aussitôt, sans vouloir rester un seul instant en place, descendant d’autant plus vite vers le centre qu’elle est plus grosse. Et la masse de la terre, ne tombe pas, toute grande qu’elle est ! Cet énorme poids peut rester en repos, et il ne descend pas, comme le ferait une motte de terre, qui ne s’arrêterait jamais, si l’on venait par hasard à supprimer la terre vers laquelle son mouvement l’entraîne !

A cette question, les réponses, que rapporte Aristote en les examinant une à une, ont été très diverses et souvent bien étranges. Ainsi, Xénophane donne à la terre des racines infinies, théorie dont Empédocle s’est justement raillé. Thalès de Milet fait reposer la terre sur l’eau, comme s’il ne fallait pas que l’eau à son tour, reposât sur quelque chose, et comme s’il était possible que l’eau, qui est plus légère, supportât la terre, qui est plus lourde. Thalès n’a donc jamais regardé un morceau de terre descendre et s’enfoncer dans l’eau dès qu’on le pose dessus. Anaximène, Anaxagore et Démocrite, qui font la terre plane, croient qu’elle est soutenue par l’air :