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TRAITÉ DU CIEL.

pédocle. § 6. Il ne serait pas non plus[1] rationnel de croire que le ciel ne demeure éternellement ce qu’il est que par l’action d’une âme qui l’y force[2] nécessairement. L’âme ne pourrait pas avoir à ces conditions une existence tranquille et fortunée[3] ; et dès l’instant que le mouvement s’accomplit avec violence, en emportant le corps qui aurait primitivement un autre mouvement naturel, et en l’emportant continuellement, il faut nécessairement que ce mouvement soit sans cesse agité, et qu’il n’ait rien de cette facilité que donne l’intelligence. Il n’y a pas pour cette âme, comme pour l’âme des animaux mortels, un repos, lequel est le délassement du corps dans le sommeil ; et il faut alors qu’il y ait dans le monde une âme éternelle et infatigable, qui subisse en quelque sorte la destinée d’un Ixion[4]. Si donc, je le répète, il en peut être du mouvement primitif, ainsi que nous l’avons dit[5], non-seulement il est plus sage de s’en tenir à l’opinion exprimée par nous par rapport à son éternité ; mais, en outre, c’est pour nous l’unique moyen de pouvoir exposer des

    a découvert le système du monde. Tous les corps de l’espace ont ce double mouvement de rotation et de pesanteur. C’est la combinaison des deux forces centripète et centrifuge qui les maintient dans leur orbite, grâce à l’impulsion primitive que leur a imprimée le créateur.

  1. C’est un second argument. Le premier s’applique au monde, qui n’aurait pu, selon Aristote, subsister si longtemps dans les conditions que suppose Empédocle ; le second s’applique à l’âme, qui est censée régir l’univers.
  2. Simplicius pense que ceci se rapporte aux théories de Platon sur l’âme qui régit le monde, Lois, livre X, pages 248 à 251 de la traduction de M. V. Cousin.
  3. Que nécessairement on suppose toujours à la divinité.
  4. Livré sans cesse à des efforts qu’il faut perpétuellement renouveler.
  5. Soit dans tout ce qui précède, soit dans le VIIIe livre