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TRAITÉ DU CIEL.

également. Le mouvement d’un corps simple est simple aussi, et les mouvements simples sont limités ; or, il faut que tout corps créé par la nature ait toujours du mouvement. Mais si l’infini est composé d’un nombre fini d’espèces, il est, dès lors, nécessaire que chacune de ces parties qui le composent soient infinies ; et, par exemple, si ces parties sont de l’eau ou du feu. Or, cela est impossible ; car il a été démontré[1] que ni la pesanteur ni la légèreté ne peuvent être infinies.

§ 3. Il faudrait en outre[2] que les lieux qui contiendraient ces parties[3] infinies fussent aussi d’une infinie grandeur, et, par suite, que les mouvements de tous les corps[4] fussent également infinis. Mais ce sont là des impossibilités manifestes, si nos premières hypothèses[5] sont vraies. Ni le corps qui tombe et descend en bas[6] ne peut se mouvoir à l’infini[7], ni le corps qui s’élève en haut[8] ne peut, par la même raison, avoir un mouvement infini. C’est qu’il n’est pas possible que ce qui n’a pas pu être dans

    grec pour signifier Espèces est Idea, et j’ai déjà remarqué l’emploi de ce mot dans la Météorologie, livre IV, 3, § 2, p. 284 de ma traduction.

  1. Dans le chapitre précédent.
  2. Second argument pour prouver que les éléments composant l’infini ne peuvent pas être hétérogènes, et ne peuvent être en nombre infini. Les lieux où se dirigeraient ces corps hétérogènes par leur tendance naturelle, devraient être aussi en nombre infini ; or ils ne le sont pas ; donc, etc.
  3. Le texte n’est pas aussi formel.
  4. Il s’agit du mouvement naturel des éléments simples ; la terre et l’eau se dirigeant en bas ; l’air et le feu se dirigeant en haut.
  5. Voir plus haut, ch. 6, § 1.
  6. Qui tombe et descend en bas, il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  7. Ne peut se mouvoir à l’infini, parce qu’il s’arrête au centre et y demeure en repos.
  8. Ni le corps qui s’élève en haut, le haut est déterminé, puisque le bas, son contraire, est déterminé.