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LIVRE I, CH. VI, § 11.

vement[1], sans qu’on pût d’ailleurs jamais atteindre un temps qui serait le plus petit possible[2]. § 10. Il ne servirait même de rien que cela fût ainsi[3] ; car on prendrait alors quelqu’autre corps fini[4], dans le même rapport de temps[5] où l’infini est relativement à cet autre corps plus grand[6]. Il en résulterait que, dans un temps égal, l’infini aurait le même mouvement que le fini[7] ; or c’est là une chose impossible. Mais, puisque l’infini se meut dans un certain temps, quel qu’il soit, et d’ailleurs toujours fini, il est nécessaire que cet autre poids fini se meuve aussi dans ce même temps, suivant une ligne finie et limitée[8].

§ 11. Il est donc impossible qu’il y ait une pesanteur infinie[9], et il n’est pas plus possible que la légèreté soit infinie non plus[10]. Donc il est également impossible qu’il y ait des corps ayant un poids infini ou une infinie légè-

  1. J’ai dû encore ici développer le texte pour le rendre plus clair.
  2. Et sans être néanmoins l’instant, qui est une limite de deux temps, le passé et l’avenir, plutôt qu’il n’est lui-même du temps véritable.
  3. C’est-à-dire que le temps, dans lequel serait mu le corps infini, fût le plus court possible.
  4. Dont la pesanteur serait en rapport avec la durée la plus petite possible que le corps infini mettrait à faire son mouvement.
  5. J’ai ajouté : « De temps. »
  6. Il y a quelques manuscrits qui donnent : « plus petit, » au lieu de « plus grand. » La vieille traduction sur laquelle travaillait saint Thomas avait cette leçon, qui pourrait être défendue. J’ai préféré cependant la leçon vulgaire, parce qu’il faut que le poids du corps augmente pour que la rapidité de la chute augmente dans la même proportion, de manière à devenir presqu’instantanée, comme celle du corps à pesanteur infinie.
  7. Ou plutôt, le corps à pesanteur infinie aurait un mouvement égal à celui du corps à pesanteur finie.
  8. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  9. Voir plus haut, § 3.
  10. Id. ibid.