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TRAITÉ DU CIEL.

y venir dans l’espace intermédiaire[1] ; car tout corps est ou porté vers le milieu par son mouvement naturel, ou il s’en éloigne de même. Il est donc évident, d’après ces considérations, qu’il n’y a pas de corps qui puisse être infini[2].

§ 3. J’ajoute de plus[3] que, si la pesanteur n’est pas infinie, il s’ensuit qu’aucun des corps graves[4] ne saurait être infini non plus ; car il faudrait que la pesanteur d’un corps infini fût également infinie. Même raisonnement pour la légèreté ; car, si la pesanteur est infinie, la légèreté le sera comme elle[5] ; et l’on n’a qu’à supposer que ce qui flotte à la surface[6] est infini. § 4. En voici la preuve évidente[7]. Supposons que cette pesanteur soit finie[8] et que le corps infini soit représenté par A B ; sa pesanteur[9] le sera par C. Que l’on détache de l’infini une grandeur

  1. J’ai ajouté ces mots.
  2. Voir toute la discussion de cette théorie dans la Physique, livre III, ch. 7, §§ 1 et suivants, tome 11, page 101 de ma traduction. Voir aussi la Météorologie, livre I, ch. 3, § 6, page 10 de ma traduction.
  3. C’est une autre série d’arguments, pour démontrer qu’il ne peut pas y avoir de corps infini ; et ces nouveaux arguments sont tirés de la pesanteur ou de la légèreté des corps. La pesanteur ne peut être infinie ; or elle devrait l’être, si le corps était infini ; donc le corps n’est pas infini, puisque la pesanteur ne l’est pas.
  4. Le texte dit simplement : « Aucun de ces corps. »
  5. Attendu que les deux contraires sont soumis aux mêmes conditions.
  6. C’est-à-dire l’air et le feu, parmi les éléments.
  7. La démonstration qui suit n’est pas aussi évidente que l’auteur semble le croire, et l’emploi des formules littérales n’aide pas beaucoup à la clarté.
  8. C’est la supposition contraire à l’axiôme posé dans le § précédent, à savoir que la pesanteur devrait être infinie, si le corps était lui-même infini. Le texte d’ailleurs n’est pas aussi formel que ma traduction.
  9. Supposée finie et non plus infinie.