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LIVRE I, CH. V, § 10.

elle sera toujours comme la ligne CE[1] ; car elle la coupe en F. Ainsi donc, la ligne infinie ne peut être circulaire.

§ 9. En outre, si le ciel est infini et qu’il se meuve circulairement, il aura, dans un temps fini, parcouru l’infini[2]. Soit en effet le Ciel immobile[3] et infini ; ce qui se meut en lui sera de dimension égale[4]. Par conséquent, si le ciel, étant infini, a fourni sa marche circulaire, l’infini qui lui est égal s’est mû aussi dans un temps fini ; or, il a été démontré[5] que c’est là une chose impossible.

§ 10. On peut dire encore, en renversant le raisonnement[6], que, si le temps où le ciel a accompli son mouvement de circonférence est limité, il faut nécessairement aussi que la grandeur qu’il a parcourue dans ce temps soit limitée ; car il a parcouru, un espace égal à lui-même[7] ; et par conséquent, il est lui-même limité.

  1. C’est-à-dire comme une ligne touchant E à un autre point que la circonférence. Simplicius n’est pas entièrement satisfait de cette argumentation, et il ne la trouve pas assez claire.
  2. Ce qui est contradictoire, et ce qui est impossible comme il a été démontré dans la Physique, livre VI, ch. 11, § 7, t.  II, p. 386 de ma traduction.
  3. Il faut entendre par là l’espace infini ; et dans ce ciel immobile, se meut le ciel que nous observons, et qui, selon les théories d’Aristote, fait sa révolution en vingt-quatre heures ou dans l’espace d’un jour.
  4. À l’espace dans lequel il accomplit son mouvement.
  5. Dans la Physique, livre VI, ch. 2, loc. cit. Ce sixième argument n’est pas plus net que les autres, bien qu’au point de vue où se place l’auteur, il ait peut-être plus de force. Si le ciel était infini, le temps qu’il lui faudrait pour sa révolution serait également infini ; or, sa révolution s’accomplit évidemment dans un temps fini ; donc, etc.
  6. C’est-à-dire en raisonnant du temps à la grandeur, au lieu de raisonner de la grandeur au temps. Sur les relations du corps, du temps et de l’espace, voir la Physique, livre VI, ch. II, t. II, p.  385, et suiv. de ma traduction.
  7. Puisque le Ciel ne se déplace pas et qu’il fait une simple révolution sur lui-même.