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LIVRE I, CH. III, § 7.

traires limites[1], ni dans aucune des parties qui lui sont propres[2]. Il semble même que le nom s’est transmis depuis les anciens jusqu’à nos jours[3], les hommes des temps les plus reculés ayant toujours eu la même opinion que nous exprimons en ce moment. C’est qu’il ne faudrait pas croire que les mêmes opinions soient arrivées jusqu’à nous une ou deux fois seulement ; ce sont des infinités de fois[4]. Voilà pourquoi supposant qu’il y a quelque premier corps différent de la terre et du feu, de l’air et de l’eau, les anciens ont désigné du nom d’éther le lieu le plus élevé, tirant cette appellation de la course perpétuelle[5] de ce corps et voulant lui imposer pour son nom même l’éternité du temps. Anaxagore[6] a, du reste, mal employé ce mot ; et il l’applique faussement, puisqu’il confond l’éther avec le feu.

§ 7. Il est évident d’après ce qui vient d’être dit, qu’il

    traires à cette théorie ; mais les changements observés, s’il y en a bien réellement, sont si peu considérables que la science peut les omettre sans danger, et qu’elle peut affirmer l’immuabilité du système du monde.

  1. Qu’ont beaucoup reculées pour les modernes les instruments ingénieux et puissants qu’ils ont inventés.
  2. Il faut se rappeler qu’Aristote distingue parfois le ciel de cette partie du monde qui s’étend de la lune jusqu’à notre terre.
  3. Aristote a toujours professé le respect le plus sincère pour la tradition ; voir un peu plus loin, livre II, ch. 1, § 2.
  4. Voir la Météorologie, livre I, ch. 3, § 4, page 10 de ma traduction.
  5. Voir des idées tout à fait analogues dans la Météorologie, loc. cit. et les notes. Cette étymologie du mot Éther est bien peu vraisemblable, et ce n’est pas le Cratyle de Platon qui peut lui donner plus d’autorité. On la fait venir souvent aussi d’un autre mot qui signifie Brûler ; et alors elle confirmerait la théorie d’Anaxagore, qui confond l’éther et le feu.
  6. Voir la Météorologie, loc. cit., où le même reproche est adressé à Anaxagore.