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LIVRE I, CH. III, § 6.

vement dans la qualité. Or, les habitudes, les dispositions[1] de la qualité ne peuvent pas se produire sans des changements dans les modifications[2] qu’elle subit ; et je cite par exemple la santé et la maladie. Mais, nous voyons que les corps naturels qui changent en subissant des modifications, éprouvent tous soit accroissement, soit dépérissement ; et tels sont, par exemple, les corps des animaux[3] et les parties qui les composent, celles des plantes et celles mêmes des éléments[4].

§ 6. Si donc le corps qui a le mouvement circulaire[5] ne peut ni recevoir d’accroissement ni subir de dépérissement, il est tout simple de penser qu’il ne peut pas non plus éprouver d’altération quelconque. Par suite, on voit pour peu que l’on ait quelque confiance aux principes que nous venons de poser, qu’il doit évidemment résulter de ce que nous avons dit que ce premier de tous les corps est éternel[6], sans accroissement ni dépérissement, à l’abri de la vieillesse, de l’altération, et de toute modification quelle qu’elle soit[7].

Il semble, du reste, que le raisonnement vient ici à

    tion. — Un mouvement dans la qualité, Voir pour cette expression la Physique, loc. cit.

  1. voir les Catégories, ch. 8, § 3, page 95 de ma traduction.
  2. L’original ici n’est pas moins pénible que ma traduction ; il eût été facile d’être à la fois plus simple et plus clair.
  3. Qui sont en effet dans un changement perpétuel, soit qu’ils croissent soit qu’ils dépérissent.
  4. Ceci ne se conçoit pas bien. Il s’agit sans doute des diverses parties de la matière inerte.
  5. Le texte dit simplement : « Le corps circulaire. » Peut-être aurait-il fallu garder cette dernière expression.
  6. Et de là, l’éternité du monde dans le système d’Aristote.
  7. Si ce n’est celle du mouvement, qui d’ailleurs ne change en rien la substance ; voir la Physique, livre