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TRAITÉ DU CIEL.

ment naturel[1] sera contraire au mouvement en cercle. Mais une chose ne peut être contraire qu’à une seule autre chose ; or déjà[2] le mouvement en haut et le mouvement en bas sont contraires l’un à l’autre. § 8. Mais s’il existe quelqu’autre corps[3] qui soit animé d’un mouvement circulaire contrairement à sa nature, il faut que ce corps ait aussi quelque mouvement différent[4] qui soit conforme à sa nature propre. Or c’est ce qui est impossible ; car si c’est le mouvement en haut, ce corps sera du feu ou de l’air ; et si c’est le mouvement en bas, il sera de l’eau ou de la terre.

§ 9. Mais il faut nécessairement que cette espèce particulière de mouvement[5] soit aussi le premier des mouvements[6]. Le parfait[7] est toujours par nature antérieur à l’imparfait[8] ; or le cercle est quelque chose de parfait[9]. Au

  1. Qui est toujours en ligne droite, comme l’observation peut nous en convaincre.
  2. J’ai ajouté ce mot pour préciser davantage la pensée.
  3. Troisième argument pour démontrer que le cinquième élément ne peut avoir qu’un mouvement circulaire. Si le mouvement circulaire est contraire à la nature d’un corps, il faudra que ce corps ait naturellement un mouvement opposé au mouvement circulaire. Or, le nouveau mouvement ne pourrait être qu’en ligne droite ; et dès lors, si ce cinquième élément montait en haut, ce serait du feu ou de l’air ; ou s’il descendait en bas, ce serait de la terre ou de l’eau. De l’une ou l’autre façon, ce ne serait plus un cinquième élément différent des autres.
  4. Un mouvement autre que le mouvement circulaire, et il n’y a que le mouvement en ligne droite, soit en haut, soit en bas. Voir plus haut dans ce chapitre, § 2.
  5. C’est-à-dire le mouvement circulaire, appliqué au cinquième élément.
  6. Le premier soit en importance, soit en temps.
  7. Ou le complet.
  8. Axiôme purement rationnel, et tout puissant. C’est celui dont Descartes s’est servi dans le Discours de la méthode, pour démontrer l’existence de Dieu, page 159 de l’édition de M. V. Cousin.
  9. Voir, dans la Physique, la théorie de la translation circulaire, livre VIII, ch. 12, §§ 42 et suiv. et ch. 13 et 14, tome 11, pages 548 et suiv. de ma traduction.